Sébastien Couepel, ancien maire d’Andel
Par Sébastien Couepel-
Publié le : 03/08/2017
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Lecture 3 min
" L'élu doit être à l'affût. C'est-à-dire se demander en permanence : que puis je faire pour doper ma commune ? Il faut savoir être audacieux ! "
Nous avons eu le plaisir de rencontrer Sébastien Couepel, homme politique des Côtes d’armor, aujourd’hui à la retraite. Maire de la commune d’Andel (22 400) pendant 43 ans (un des mandats de maire les plus longs jamais effectués!), il est revenu pour nous sur son parcours, celui d’un homme passionné par son métier.
1) Bonjour Monsieur Couepel. Dans la région vous êtes très connu pour vos mandats. La politique, c’est votre premier métier ?
Bonjour! Et bien non car même si j’y suis venu très jeune, mon premier métier fut celui d’agriculteur. Mon père avait une exploitation familiale que j’ai repris, assez logiquement, pour l’aider. Mais très rapidement j’ai bifurqué vers la politique.
2) Justement , racontez-nous, comment en êtes vous venu à entrer en politique?
J’ai eu la chance de faire des études jusqu’au secondaire, ce qui à l’époque était très rare pour un fils d’agriculteur. J’ai fait une bonne scolarité puisque j’ai même sauté la classe de 6ème, si bien qu’il m’a fallu une dispense pour passer le certificat (équivalent du brevet) à 14 ans. Après ma première, à 16 ans, j’ai pris la décision d’arrêter les études, au grand dam de mes professeurs. Mais mon père n’était pas en bonne santé et avait besoin d’aide à la ferme. Très rapidement, je me suis engagé comme militant dans la J.A.C (Jeunesse Agricole Chrétienne). C’est ici que j’ai reçu ma formation à la politique et que ma passion est venue.
3) Que vous a-t-on appris à la J.A.C?
Nous avions de nombreux séminaires d’enseignements. On nous enseignait surtout à développer notre esprit critique. Par exemple, sur un sujet donné, il y avait toujours deux intervenants : un pour, et un contre. Après les avoir écoutés, on nous laissait la possibilité de nous faire notre propre opinion. Pas de « prêt-à-penser » mais une réelle ouverture d’esprit. On m’a appris ce qu’était la liberté de conscience. Cela m’est resté, comme beaucoup d’autres choses.
4) Avez-vous un autre exemple ?
Oui, cet enseignement avait un triptyque : Voir, Juger, Agir. En politique c’est la base. On observe une situation, puis on l’analyse, et si elle ne nous convient pas, alors on agit. J’ai, depuis lors, toujours travaillé avec ce slogan en tête.
5) Quand avez-vous décidez alors de vous mettre à l’action ?
C’était en 1965, lors des élections municipales de ma commune. Le maire sortant étant malade, on m’a sollicité pour être sur la liste des élus, et être le maire si jamais nous passions. J’ai accepté, je voulais déjà tant faire pour ma commune d’Andel et ses habitants! Et nous avons remporté l’élection! Je suis devenu, à 26 ans, le plus jeune maire de l’époque !
7) Quelle fut votre réaction ?
(Un grand sourire illumine son visage, les yeux dans le vague il semble se remémorer ce souvenir). J’étais content, vraiment très content.
8) Votre premier acte en tant que maire ?
Ça a été très rapide. Dans les années 60, il faut savoir que les informations municipales étaient données par ce qu’on appelait les banies. Il s’agissait de crieurs publics qui, àla sortie de la messe , annonçaient les nouvelles de la communes. J’ai mis en place mon fameux triptyque : j’ai observé la situation, jugé que ce n’était pas normal que seules les personnes qui allaient à la messe puissent être au courant des actualités de la commune, et j’ai agi en créant le premier bulletin municipal. De 1965 à 2008, tant que j’ai été maire, il n’a jamais manqué un seul bulletin !
9) Qu’est-ce qu’un « bon » maire ou un bon élu selon votre expérience?
La première chose est d’aimer son territoire et ses habitants. On ne peut pas, à mon sens, faire un bon mandat sans avoir de réelles convictions et les défendre. L’élu doit être à l’affût. C’est-à-dire se demander en permanence : que puis je faire pour doper ma commune ? Il faut savoir être audacieux! Mon métier m’a obligé à garder un sens aigu du développement.
Il est aussi important d’aller à la rencontre des gens, être présent partout et ne surtout pas sous estimer les « petits électeurs ». Un élu ne devrait jamais être méprisant, quelle que soit la personne en face de lui.
10) La plus grande difficulté à laquelle on peut s’attendre dans ce métier?
Avoir parfois le sentiment d’être incompris, ou encore l’inertie de ceux qui nous entourent.
11) Que conseilleriez vous à un jeune qui souhaite se lancer dans cette voie?
Enthousiasmez-vous!! Ayez envie de faire bouger les choses pour votre territoire avec ambition. J’aime cette phrase qu’on attribut à Michel-Ange :
« Le plus grand danger qui nous guette n’est pas de viser un but trop élevé et de le manquer, mais plutôt de choisir une cible trop modeste et de l’atteindre. »
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