Devenir Educatrice Montessori
Par Evelyne-
Publié le : 13/08/2017
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Lecture 3 min
" Le travail est très physique : prendre les enfants dans les bras, les changer, ramasser le matériel…tout cela fatigue "
1) Bonjour. Peux-tu te présenter ?
Bonjour. Je suis une femme de 62 ans. Je suis éducatrice Montessori, dans une école privée bilingue français/anglais, en charge d’une classe d’enfants âgés de 2-3ans.
2) Pourquoi avoir choisi ce métier ?
J’ai toujours aimé transmettre. De plus, la philosophie Montessori m’attirait depuis longtemps, car elle met en avant la confiance en soi et l’autonomie dès le plus jeune âge. Cette pédagogie utilise aussi du matériel spécifique pour l’apprentissage des enfants, et j’adhère totalement à ces pratiques. Par exemple, les enfants apprennent à compter avec des perles ou apprennent à lire avec des lettres rugueuses. On part du concret, pour arriver ensuite à de l’abstrait. Enfin, j’aime bien entendu les enfants.
3) Quel est ton parcours ?
Après un baccalauréat littéraire, j’ai commencé des études de lettres modernes à la faculté. Mais j’ai rapidement arrêté, à l’occasion d’un changement de vie (changement de pays!). Je me suis alors dirigée vers le secteur de la vente pendant 4-5 ans. J’ai finalement arrêté de travailler à la naissance de mon 1er enfant. Malgré tout, j’étais très investie dans l’éducation, via ma collaboration dans les associations de parents d’élèves comme secrétaire, et ce pendant de nombreuses années. Après un divorce, un nouveau changement de pays, et un bilan de compétences, j’ai décidé de reprendre des études à 44 ans. La formation Montessori, via l’association Montessori internationale (AMI) avait l’avantage, non seulement de m’intéresser, mais aussi d’être courte (9 mois). Par la suite, j’ai immédiatement trouvé du travail, et c’est le même depuis 17 ans.
4) Raconte nous ton quotidien.
Ma classe commence à 9h et se termine à 12h. Nous sommes 2 éducatrices pour 14 enfants. Ma collègue est anglophone. Chacune de nous parle dans sa langue natale, le but étant que les enfants puissent absorber les deux langages en même temps. Il m’arrive aussi de rester jusqu’à 15h, pour gérer la cantine, qui concerne les enfants de 3 ans et plus. Je débute ma matinée toujours une heure avant mes élèves, afin de préparer tout ce dont nous aurons besoin. En arrivant le matin, certains enfants prennent immédiatement un travail sur les étagères, d’autres vont dans le coin bibliothèque. Tout le matériel est à leur portée et ils ont le libre choix de leurs activités. Nous sommes là pour les guider et les aider. A 10h vient l’heure du gouter en commun. Suivent des activités motrices et collectives, de la musique, des histoires et des présentations de nouveaux matériels. La concentration étant très courte à cet âge, nous changeons souvent d’ateliers. Même si nous avons un cadre bien défini, nous nous adaptons à chaque enfant afin que chacun puisse s’épanouir dans la classe. Bien sûr, il y a les passages aux toilettes à la demande, les changements de couches, les petits chagrins, les colères et les bobos. Bref, c’est une matinée intensive pour les enfants et nous-mêmes. Le lendemain, quand les enfants reviennent heureux dans la classe, nous savons pourquoi nous faisons ce métier.
5) Quels sont les qualités essentielles à une éducatrice ?
Il faut d’abord aimer transmettre. Ensuite, travailler avec des tout-petits oblige à faire preuve de beaucoup de patience. Je pense aussi qu’il faut être humble et savoir se remettre en question. Cultiver sa culture générale m’apparaît indispensable, d’abord pour mieux discuter avec les parents, de tous horizons, ensuite pour être au courant de toutes les nouveautés au niveau de la pédagogie. L’enseignement Montessori date d’il y a un siècle, et les enfants ne sont plus les mêmes. Alors, il faut savoir être souple dans sa façon de l’appliquer. Et surtout accepter chaque enfant dans son individualité. En pratique, l’idéal est de rester en retrait, et d’observer les enfants pour voir ce dont ils ont besoin. Il faut également pouvoir être tout le temps de bonne humeur, et laisser tous ses problèmes à la porte de l’école. De plus, il est primordial d’établir une relation de confiance avec les parents qui nous confient l’être le plus cher à leurs yeux. Enfin, savoir travailler en équipe est une qualité indispensable : avoir de bonnes relations professionnelle, travailler dans une bonne ambiance, tout cela permet que les enfants se sentent bien.
6) Quelles sont les difficultés de ce travail ?
D’abord, il peut être difficile d’appliquer l’autorité : les enfants de Maria Montessori ne sont pas les mêmes que maintenant. Il peut aussi y avoir une frustration à travailler avec des tout-petits, et de ne pas pouvoir entretenir des rapports d’adulte à adulte. Le travail est très physique : prendre les enfants dans les bras, les changer, ramasser le matériel…tout cela fatigue.
7) Quel est ton salaire ?
Je travaille à mi-temps, mon salaire est de 1340 euros net par mois environ.
8) Quels conseils donneriez-vous aux jeunes pour devenir Educatrice Montessori ?
Mon 1er conseil est, et de loin : soyez patient ! Il faut aussi aimer transmettre. Il ne faut pas s’attendre à des résultats extraordinaires : restez humble ! Croire en ce que l’on fait et donner les mêmes chances à tous les enfants, aussi différents soient-ils, sont deux fondements à respecter.
Enfin, une bonne formation s’avère indispensable.
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