Devenir Product Manager chez L’Oréal
Par Victor Billette de Villemeur-
Publié le : 01/09/2022
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Lecture 5 min
Un bon produit doit être facile d'utilisation, bien construit techniquement et rentable
A) Présentation générale
1) Bonjour Victor. Peux-tu commencer par te présenter succinctement à nos lecteurs ?
Bonjour, je m’appelle Victor, j’ai 30 ans. Je suis né en région parisienne, à Saint-Maur-des-Fossés dans le 94. J’y ai passé les 20 premières années de ma vie. Après le bac, j’ai intégré une prépa MPSI car j’aimais les maths et la physique. J’ai ensuite été reçu à Polytechnique, que j’ai intégrée.
2) Pourquoi avoir choisi cette école ?
Tout simplement parce qu’elle était bien classée et que c’est une école d’ingénieur généraliste.
3) Comment as-tu choisi ton premier job à la sortie de Polytechnique ?
Polytechnique a une spécificité par rapport aux autres écoles : les élèves sont tenus de faire une école d’application à la fin du cursus. Je voulais quelque chose de littéraire donc j’ai choisi Sciences Po. J’ai ensuite tenté l’ENA à 2 reprises mais je ne l’ai pas eue.
Suite à cela, 2 options se présentaient à moi : soit intégrer une administration en tant que contractuel soit rejoindre un cabinet de conseil en secteur public.
J’ai choisi la seconde option et je suis resté dans le Conseil pendant 4 ans.
4) Recommanderiez-vous aux jeunes diplômés de faire du Conseil à la sortie de l’école ?
Oui car c’est une expérience qui m’a beaucoup plu. D’abord parce que j’avais des missions qui me sortaient de la technique pure, ce qui m’a permis de retrouver un certain équilibre. Ensuite parce que le Conseil est une bonne école pour les jeunes diplômés : on y acquiert des soft skills comme la communication ainsi que des hard skills telle que l’Agilité. On y apprend également la posture de prestataire pour répondre et satisfaire efficacement aux besoins de ses clients.
C’est donc un très bon premier job, je n’ai pas de regrets à ce niveau-là.
B) Le poste de Product Manager (PM)
5) Le métier de Product Manager en France est assez récent. Peux-tu nous dire comment tu l’as découvert ?
En effet, le métier de Product Manager en France est très récent. Il doit dater des années 2010 environ.
J’ai eu 3 phases pour découvrir le métier de Product Manager.
La 1ère phrase : j’ai découvert l’Agilité et le rôle de Product Owner (PO) sur un projet interne dans mon cabinet.
La 2ème phase : j’ai ensuite travaillé en tant que Product Manager sur des sujets moins opérationnels et plus en amont des produits. En somme, je coachais chez le client des Product Owners pour mettre en place une véritable organisation produit.
La 3ème phase : actuellement, je travaille en tant que Product Manager chez L’Oréal. Je travaille sur mes propres sujets, je me sens plus responsable et je fais beaucoup d’évangélisation que ce soit en interne ou en externe.
6) En quoi consiste le métier de Product Manager ?
Le métier de Product Manager peut se définir par ses objectifs, c’est-à-dire à fournir un logiciel informatique qui délivre de la valeur aux utilisateurs et ainsi avoir un impact.
En pratique, le Product Manager est à l’intersection de 3 mondes :
– le Design pour que le logiciel soit facile à utiliser
– la Tech pour s’assurer que le logiciel ait un bon niveau technique
– le Business pour que le logiciel corresponde à l’image de la boîte et qu’il soit rentable
Un bon produit doit être facile d’utilisation, bien construit techniquement et rentable.
7) Quelle formation conseilles-tu pour devenir Product Manager ?
Je ne pense pas qu’il y ait de bonne formation pour devenir Product Manager. Quel que soit son background, on peut le devenir à condition d’aimer vraiment ça.
Pour autant, il existe de bonnes formations comme celles d’OpenClassRoom, des livres comme The Product Book ou encore les ressources mises à disposition de Thiga (ndlr : Thiga est un cabinet de conseil spécialisé en Product Management).
Le mieux est également de se construire un petit produit soi-même, quel qu’il soit. Ça peut par exemple être un fichier Excel qui organise les vacances de toute la famille.
8) Que préfères-tu dans le métier de Product Manager et à l’inverse, qu’aimes-tu le moins ?
J’aime le côté sociable du métier car tous les jours, il faut aller discuter avec une multitude de personnes (des experts, des utilisateurs…) pour influencer et guider le produit dans la bonne direction. J’apprécie également le côté communication car pour être un bon communicant, il faut maîtriser le fond de ses sujets pour les défendre et les expliquer correctement.
En revanche, j’apprécie un peu moins le côté intense du métier, pas en termes de volume horaire mais plutôt lié aux journées très remplies.
Enfin, le Product Manager ne décide pas forcément de tout. Sa capacité de décision dépend plus de sa capacité à influencer. Il se doit de faire du lobbying.
9) Penses-tu que le métier de Product Manager soit un métier d’avenir ?
Oui tout à fait car c’est un job qui va durer encore pas mal de temps : on est en train de passer de la chefferie de projet à l’agilité ce qui nécessite des Product Managers. En même temps, c’est un rôle très fourre-tout : cela nécessite donc d’être un véritable couteau-suisse même si cela nuit à la clarté du métier.
D’un point de vue purement RH, c’est un métier qui permet d’être dans la Tech sans être pour autant développeur.
10) Comment gères-tu la pression entre la Direction, les équipes Tech et les utilisateurs ?
C’est un équilibre à trouver. Je me pose toujours la question de comment apporter de la valeur à mes utilisateurs : c’est ce qui me guide dans ma prise de décision.
11) Pourquoi avoir choisi de rejoindre l’Oréal plutôt qu’une startup ou scale up ? Le métier de Product Manager diffère-t-il en fonction de la structure d’entreprise dans laquelle on évolue ?
Je travaille dans un grand groupe mais je suis dans un département assez agile : on peut déroger aux process donc on a moins de contraintes que d’autres. De manière générale dans un grand groupe, on est moins libre de tester de nouvelles choses. En revanche, on dispose d’un bon filet de sécurité.
Dans une startup, on est un peu plus libre mais le risque est accru car la réussite du produit conditionnera ou non la survie de la boîte. On bénéficie par contre de process moins contraignants, de moins de silos et d’une meilleure communication entre les différents départements. Du point de vue du Product Manager, il faudra créer un produit « from scratch ».
De manière générale :
– dans une startup, les tâches ne sont pas très bien définies,
– dans une scale up, il y a une forte culture Tech et il commence à y avoir des process.
– dans un grand groupe, il y a plus d’inertie mais la contrepartie est qu’on bénéficie d’un matelas de sécurité.
Je pense que la position la plus confortable se situe dans les scale up.
12) A quel salaire peut prétendre un Product Manager Junior ?
Le salaire peut s’échelonner de 40 à 50k brut par an.
Bien évidemment, le salaire va dépendre de la capacité du candidat à se vendre. Pour cela, il a 3 leviers qui vont contribuer à renforcer l’écosystème : 1) se former soi-même avant 2) communiquer sur les réseaux 3) networker.
13) Merci pour votre contribution. Je vous laisse le mot de la fin.
Je pense que Product Manager est un super job pour lequel il n’y a pas de parcours privilégié. Tout le monde peut réussir à condition de ne pas se censurer. C’est un job de passionné.
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