Angel Prieto, X-Mines engagé pour l’Ecologie
Par Angel Prieto-
Publié le : 14/10/2022
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Lecture 4 min
" Engagez-vous et agissez à votre échelle avec détermination et enthousiasme, au niveau personnel comme professionnel. "
1) Bonjour Angel. Pourrais-tu commencer par te présenter succinctement à nos lecteurs ?
Bonjour, je m’appelle Angel Prieto, j’ai 25 ans. Je suis diplômé d’une école d’ingénieur, l’Ecole polytechnique, à l’issue de laquelle j’ai intégré un grand corps d’Etat, le Corps des Mines. Je viens d’y terminer ma formation pour devenir haut fonctionnaire.
2) Pourquoi as-tu décidé d’intégrer une école d’ingénieur ?
Je suis passionné de maths et de physique depuis mon plus jeune âge. Après le bac, on m’a dit que je pourrais en faire toute la journée en poursuivant mes études dans une prépa scientifique. C’est donc ce que j’ai fait, ce qui m’a naturellement mené vers une école d’ingénieur.
3) Tu es très engagé dans la transition écologique. Peux-tu nous en dire davantage à ce propos ?
En arrivant à l’X, lorsque j’ai progressivement sorti la tête des livres pour m’ouvrir davantage au monde qui nous entoure, j’ai réalisé – assez brutalement je dois le dire – toute l’ampleur de la crise écologique, que ce soit sur les dérèglements climatiques, l’effondrement de la biodiversité ou encore l’épuisement des ressources. Aujourd’hui, face à l’urgence de la situation, nous devons agir de manière résolue. La transformation écologique est un vrai défi car elle nous contraint à repenser nos modes de vie, nos manières de produire et de consommer. Mais c’est aussi une formidable opportunité pour faire mieux, réinventer notre modèle économique et social en plaçant le bonheur collectif au cœur de nos prises de décisions.
En sortant du Corps des Mines, je suis destiné à occuper des postes de haut niveau. J’estime donc que j’ai la responsabilité de faire bouger les lignes, d’impulser et contribuer et mettre en œuvre des démarches de transformation. En particulier, en 2022, cela implique de faire mon maximum pour contribuer à répondre à la crise écologique. J’ai décidé de rejoindre la fonction publique car c’est là où, je pense, je serai le plus utile et que j’aurai le plus d’impact.
Je préfère parler de transformation écologique plutôt que de transition : il y a plusieurs manières d’atteindre nos objectifs climatiques, mais tous impliquent des transformations radicales que le concept de transition tend à minimiser. Aussi enthousiasmant que soit ce défi, le relever ne sera pas un long fleuve tranquille.
4) Les mouvements de masse en faveur de l’écologie (Time for the Planet, La fresque du climat pour ne citer qu’eux) semblent plutôt issus de la société civile. De son côté, l’Etat français a été condamné, l’année dernière, pour préjudice écologique. L’Etat est-il l’endroit où il est le plus possible de faire bouger les lignes en faveur de la transformation écologique ?
Je constate, au sein de l’Etat, un changement de l’architecture gouvernemental et de nombreux agents qui s’autosaisissent du sujet de l’écologie : il y a une véritable dynamique qu’il faut encourager et pousser. Nous avons récemment lancé un appel à la décarbonation de l’action publique. L’appel a été soutenu par 5000-6000 agents et a même été repris par le Gouvernement. La transformation écologique s’opère au sein de l’appareil étatique. Bien que cette dynamique soit moins visible, moins « sexy », elle a au moins autant d’impact que des autres initiatives issues de la société civile.
5) Quel rôle souhaites-tu jouer dans la transformation écologique : médiateur scientifique, cadre dirigeant, militant, décideur politique, … ? De manière générale, que conseillerais-tu à toutes celles et ceux souhaitant s’investir dans la transformation écologique ?
Je souhaite m’investir dans les politiques publiques car, au vue de mes appétences et de ma formation, je pense que c’est à cet endroit que je serai le plus utile.
Le meilleur rôle dépend de chaque personne, de ses envies, de ses compétences. Pour certains, ce sera d’être un homme ou une femme politique afin de décider et de donner un cap, d’être chercheur pour inventer de nouvelles manières de faire ou entrepreneur pour les passer à l’échelle, tandis que pour d’autres, ce sera d’interviewer des gens sur le thème de la transformation écologique via leur association 😉
La transformation écologique implique un engagement global : tout le monde a un rôle à jouer. Il est donc nécessaire d’embarquer l’ensemble des Françaises et des Français, et plus généralement, la population mondiale dans la formidable dynamique à laquelle nous assistons aujourd’hui.
6) Si tu pouvais changer une chose là tout de suite maintenant, qu’est-ce que ce serait ?
Je pense que je changerais le degré de médiatisation des enjeux écologiques, et ce à deux niveaux :
- en améliorant la couverture médiatique sur les causes et conséquences de la crise écologique, de manière à permettre au plus grand nombre de comprendre pourquoi la situation est si grave ;
- en portant bien plus largement des messages positifs soulignant tous les bénéfices individuels et collectifs que nous pouvons tirer de la transformation écologique : c’est le meilleur levier de mobilisation à notre disposition.
7) Au final, que souhaiterais-tu dire à toutes celles et ceux voulant œuvrer pour l’Environnement ?
Engagez-vous et agissez à votre échelle avec détermination et enthousiasme, au niveau personnel comme professionnel. C’est la clé de voûte pour créer une mobilisation collective !
8) Et pour pour celles et ceux qui s’y refusent, comme les climato-sceptiques par exemple ?
Laissez-nous faire (rires) ! Il existe et il existera toujours des personnes qui seront en désaccord. Le mieux est peut-être d’éviter de perdre du temps et de l’énergie avec elles, et se concentrer plutôt sur celles et ceux qui sont prêts à avancer.
9) Merci beaucoup pour tes réponses. Je te laisse le mot de la fin.
N’hésitez pas à rejoindre notre mouvement Pour un réveil écologique. Il a été créé il y a 4 ans suite à la publication d’un manifeste œuvrant pour l’environnement. Il a déjà été signé par 30 000 étudiants et le mouvement compte plus d’une cinquantaine de bénévoles !
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