Guillaume, médecin en gériatrie, 10 ans plus tard [Interview Retour]
Par Guillaume-
Publié le : 10/03/2024
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Lecture 4 min
" J’appelle des gens déterminés à venir se joindre à nous pour continuer à maintenir le bateau à flot même si je suis très inquiet pour la suite. "
1) Bonjour Guillaume. Cela fait longtemps. La dernière fois que nous avons échangé, tu étais en 5ème année de médecine. Peux-tu nous dire aujourd’hui ce que tu fais maintenant ?
Bonjour Vocajob.
En 2012, j’étais externe. Depuis, j’ai fait mon internat de médecine générale d’une durée de 3 ans tout en faisant en parallèle un DESC (ie : Diplôme d’Etude Spécialisé Complémentaire) en gériatrie pendant 2 ans.
Après avoir obtenu ma thèse de médecine générale, j’ai été Chef de clinique pendant 2 ans. C’est un travail hospitalier associé à un travail de recherche et d’enseignement que j’ai fait à l’Université de Paris. Puis j’ai été praticien hospitalier contractuel à la suite de quoi j’ai passé un concours national qui m’a permis d’être titularisé.
Enfin, actuellement, je fais un DU (ie : diplôme universitaire) en échographie.
2) Comment s’est passée la préparation de l’internat ? Quels conseils donnerais-tu pour le réussir ?
Les études de médecine sont longues, il faut beaucoup travailler car il y a une quantité énorme d’informations à assimiler. Je conseillerai de faire des pauses, prendre du temps pour soi, dormir, faire du sport pour ne pas péter un câble. J’ai connu des gens qui ont craqué le jour J à cause du stress ou parce qu’ils étaient trop fatigués.
Par ailleurs, il faut savoir que le concours a changé depuis que je l’ai passé. Aujourd’hui, le concours est en 2 parties : une première théorique avec des QCM sur tablette quand la seconde se concentre plus sur des cas pratiques avec des mises en situation (ie : appelés « Ecos » pour Examen Clinique Objectif et Structuré).
3) Comment as-tu choisi ta spécialité ?
Globalement, les spécialités se composent de médecine ou de chirurgie. Il s’est avéré que j’ai assez vite compris que j’étais plus fait pour la médecine que la chirurgie. Donc la question qui s’est posée ensuite était de savoir si je souhaitais faire une spécialité d’organes ou une plus générale. Pour ma part, j’étais plus porté pour le 2nd choix.
Sur Paris, j’avais différentes possibilités : par exemple n’ayant pas une expérience dans la réanimation au travers de mes stages, je ne me voyais pas me spécialiser dedans. Je me suis donc orienté vers la médecine générale qui laissait différentes options : urgence, gériatrie, etc. J’ai aimé la gériatrie par son côté polyvalent donc je me suis orienté dedans sachant que je suis toujours inscrit à l’Ordre des Médecins comme généraliste ce qui m’offre un plan B.
4) Avec du recul, que dirais-tu au Guillaume d’il y a 10 ans ?
Bonne question. Je ne sais pas trop.
5) Est-ce que ta vision du travail a changé entre maintenant et quand tu étais étudiant en médecine ?
Je suis moins naïf sur le côté compétitif du monde du travail. J’ai toujours été un gars du travail d’équipe. Je pense que je suis un bon coéquipier mais il y en a beaucoup qui sont « chacun pour soi ».
Dans le milieu de la recherche, j’étais peut-être un peu trop idéaliste, à vouloir faire les choses bien. La méthodologie parfois pour conduire les études peut manquer de rigueur.
6) Comment c’est de travailler dans l’hôpital public en 2024, ie : post Covid, avec la crise des hôpitaux ?
C’est compliqué car on manquait déjà beaucoup de moyens avant la crise sanitaire. Il y a eu une petite parenthèse enchantée pendant le Covid où il y a eu un élan de solidarité.
Le retour à la réalité a été d’autant plus difficile par le manque de moyens humains, de matériels etc. On est revenu comme avant voire pire. Beaucoup qui étaient déjà sur les rotules avant le Covid sont partis, épuisés et déçus.
C’est dur de voir les choses positives même à long terme. Le système français est très bien mais économiquement, c’est difficile de le tenir. Du coup, je ne pense pas qu’on soit très soutenu par les politiques, d’autant que la gestion des hôpitaux est aux mains des administratifs qui se basent essentiellement sur des données économiques, contrairement à avant où ils étaient tenus par des médecins ce qui laissait plus de place aux soins et à l’humain.
7) Je te laisse le mot de la fin.
L’hôpital public est une belle institution. Il faut se battre pour. J’appelle des gens déterminés à venir se joindre à nous pour continuer à maintenir le bateau à flot même si je suis très inquiet pour la suite.
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