Devenir Educateur spécialisé
Par Lili-
Publié le : 04/11/2012
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Lecture 4 min
1) Bonjour. Pourriez-vous commencer par vous présenter ?
Bonjour. Je m’appelle Lili et j’ai 24 ans. Après le collège, je me suis orienté vers un BEP carrières sanitaires et sociale, puis j’ai poursuivi en Bac pro Services de Proximité et vie locale. Une fois le bac en poche, j’ai fait une prépa pour entrer en école d’éducateur spécialisé en cumulant un poste d’animatrice en centre de loisirs et en travaillant comme aide médico-psychologique.
J’ai passé mes concours d’éducatrice spécialisé mais je ne l’ai ai pas obtenu. Du coup je me suis orientée en formation de monitrice éducatrice qui ce déroule sur deux ans puis j’ai retenté ma chance pour éducatrice spécialisé.
J’ai réalisé ces deux formations par la voie de l’apprentissage dans un IMPRO (Institut Médico Professionnel) qui accueille des enfants de 6 à 21 ans porteurs de retards mentaux, une trisomie, de l’autisme, ou encore psychotique.
2) Pourriez-vous décrire le métier d’éducateur spécialisé ? En quoi consiste t-il ?
Être éducateur spécialisé c’est t’occuper…
« … des drogués, des clodos, des ruinés, des claqués, des violés, des battus, des maltraités, des perdus, des disjonctés, des perdants, des illuminés, des délirants, des tarés, des mangeurs de caca, des taulards, des tordus, des accidentés, des inconscients, des pauvres, des très pauvres, des très très pauvres, des miséreux, des traînées, des traînés qui se traînent, des malades, des condamnés, des sanctionnés, des fatigués, des suicidaires, des vieux, des jeunes, des familles, des enfants, des hommes, des femmes, des français, des immigrés, des sans-papiers, des sans-papiers avec papiers, des sans-papiers avec des faux-papiers, des sans-papiers avec des vrais-faux-papiers, des sans-noms, des sans-slips, des sans-espoirs, des cassés d’une jambe, d’un bras, du dos, de la colonne, du cerveau, de la vie, des méchants, des très méchants, des gentils, des cons, des très cons, des pervers, des beaux, des moins beaux, des moches, des très laids, des repoussants, des répugnants, des puants, des petits, des moyens, des grands, des bons, des mauvais, des paresseux, des fuyards, de la violence, de la colère, de la haine, de la culpabilité, du dégoût, du désespoir, de la souffrance, du déchirement, des séparations, des pleurs, des bobos, des chagrins, des câlins, de la folie, de l’absurdité, des aberrations, des injustices, des injures, des vexations, des humiliations, des blessures, de la honte, de la paperasse, des rapports, des courriers, des évals, des projets, du vomi, du juge, de l’avocat, du médecin, du préfet, de l’inspecteur, des keufs, des administrations, du maire, des chiottes bouchées, des culs à torcher, des douches à donner, des fausses routes, des béquées, de la porte à ouvrir, de la porte à fermer, des manques, des manques et des manques, des besoins, des non-dits, des secrets, des beaux secrets, des secrets dégoûtants, des besoins et des besoins, de prendre rendez-vous, de donner un rendez-vous, et un autre, et un autre, et un autre, et puis un autre et encore un autre, des demandes dites et non dites, des demandes montrées et non-montrées, de l’ampoule grillée, de ce que tu dois deviner, du standard qui sonne, des réponses pas bonnes, des fugues, des alertes, des cris, des coups de pieds, de poing, de tête, des symptômes, des médocs, des cafards que tu ramènes chez toi, de la galle qui gratte la nuit, des puces éventuellement, de la tuberculose qu’on t’a refilée, de ta peur de chopper le sida, une hépatite, des problèmes de ton équipe, des déménagements, des emménagements, des aménagements, des ménagements, des politiques publiques, des cartons de l’autre, des stagiaires, des collègues, des éducs !, des statistiques, et même des faussées, de prendre le temps et du temps encore, des combats même quand c’est pas les tiens, de comprendre et d’aider à comprendre même quand on y comprend vraiment quedal, de ta propre violence, de ton agressivité, de ton dégoût, de ta haine, de ton affection, de ta séduction, de ton désespoir, de ta souffrance, de tes écoutilles en les ouvrant très grand !, de ton déchirement, de tes séparations, de tes pleurs, de refouler tes larmes, de tes bobos, de ta culpabilité, de tes chagrins, de tes câlins…, c’est regarder le temps sans regarder les heures, c’est penser et repenser, à comment tu vas faire, comment tu vas panser, qu’est-ce que tu vas faire, pourquoi, pour quand, avec qui, pour qui, pour quoi…., c’est résister aux certitudes, aux mangeurs de complexité, aux simplismes, aux simplistes, aux convenances, aux petits arrangements, aux standards, au conformisme, c’est te blinder contre la connerie, c’est être là. »
3) Quelles sont les qualités requises pour être éducateur spécialisé ?
– de la patience
– de l’intuition
– de l’inventivité
– de la polyvalence
– de l’objectivité
– savoir accompagner la personne comme il est avec sa complexité
– garder une âme d’enfant
– de la rigueur et de la souplesse
– savoir travailler en équipe
– ne pas se prendre trop au sérieux
4) Qu’est-ce qui vous a attiré dans le métier d’éducateur spécialisé ?
C’est le fait de ne pas être derrière un bureau, mon envie d’accompagner les personnes qui en ont besoin mais qui ne peuvent pas le faire seul. L’idéal serait qu’elles n’aient plus besoin de moi.
5) Quelles sont les évolutions de carrière de l’éducateur spécialisé ?
On peut devenir chef de service éducatif, directeur. Selon les emplois, cela varie mais on peut travailler de jours comme de nuit, le week-end comme les jours fériés. Cela dépend si on travaille en internat, en externat, en maraudes de nuits…
6) Quelle est le salaire brut mensuel de l’éducateur spécialisé ?
1 500 euros.
7) Y a-t-il un bon équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle ?
En internat c’est plus compliqué du fait des horaires changeant ou de nuit, mais en externat c’est tout a fait possible.
8) Quelle formation faut-il pour devenir éducateur spécialisé ?
Il faut la formation d’éducateur spécialisé en 3ans, l’entrée en école se faisant sur concours.
9) Quels conseils donneriez-vous à ceux qui voudraient devenir éducateur spécialisé ?
il faut avoir envie de s’occuper de personnes en difficultés, souvent hors normes.
Il est préférable d’être bien dans sa peau et de ne pas se servir de ce métier comme thérapie pour aller mieux. Il ne vaut mieux pas courir après l’argent car ce n’est pas le métier le mieux payer du monde…
Bonne chance pour ceux que cela intéressent.
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