Julien, Polytechnicien et co- fondateur de WePopp
Par Julien Hobeika-
Publié le : 02/03/2014
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Lecture 5 min
Ce n’est pas tant la formation mais la personnalité qui compte.
1) Bonjour Julien. Pourriez-vous vous présenter ?
Bonjour. Je m’appelle Julien Hobeika. J’ai 24 ans. Après une classe préparatoire scientifique, j’ai intégré l’école Polytechnique, promotion 2009. J’ai été intéressé par l’entrepreneuriat très tôt. En 2011, j’ai lancé avec deux camarades de promotion, Nicolas Marlier et Guillaume Michiels, le projet WePopp. A la base, c’était un projet étudiant. Au fur et à mesure, c’est devenu un projet de création d’entreprise.
Durant notre dernière année à Polytechnique, nous sommes partis tous les trois faire un stage dans la Sillicon Valley. Guillaume et moi avons travaillé chez Work4Labs et Nicolas chez Cruise Wise.
En école d’application, Nicolas et moi avons fait le parcours HEC entrepreneurs et Guillaume le parcours entrepreneur à Polytechnique.
2) Pourriez-vous présenter WePopp ?
WePopp est une application mobile gratuite qui permet de faciliter l’organisation d’événements avec ses amis. Notre application est simple d’utilisation et présente l’avantage, par rapport à la concurrence, de ne pas exiger la création de compte. Au départ, WePopp était un site web. Nous avons vu que notre trafic provenait surtout du mobile c’est pourquoi nous avons décidé d’en faire une application mobile. Nous avons officiellement créé l’entreprise le 7 mai 2013.
3) Pourquoi avez-vous eu recours à un incubateur ? En quoi est-ce utile ?
Nous avons commencé en premier par intégrer l’accélérateur de Start-ups, Le Camping. Ce dernier fonctionne par promotion, nous étions en l’occurrence la 4ème promotion. Cet accélérateur nous a permis d’obtenir des conseils et de gagner en visibilité.
Nous avons ensuite rejoint l’incubateur de l’école Télécom ParisTech qui nous accueille dans ses locaux pendant 18 mois. La grande différence entre un accélérateur et un incubateur est que l’incubateur accompagne les entrepreneurs sur une période plus longue. Nous avons eu aussi accès au financement public PIA (ndlr : Programme des Investissements d’Avenir) de 30 000 euros.
4) Comment se passe la prise de décision avec trois co-fondateurs ?
Cela se passe bien. L’avantage d’être trois est qu’en cas de désaccord, le troisième peut trancher. Mais au final, au stade de la Start-up, qu’on soit 3, 4, 5 ou plus, il faut que les décisions soient prises à l’unanimité pour qu’on puisse avancer.
5) Pourquoi avoir choisi de créer votre entreprise à la sortie de l’école ?
Nous ne l’avons pas vraiment choisi. Le projet était déjà là donc on l’a continué. Ca n’aurait pas été judicieux de l’arrêter pour le reprendre ensuite.
6) Pourquoi avoir choisi de monter une entreprise au vu de votre formation d’ingénieur ? Votre formation d’excellence, Polytechnique, est-elle un avantage ?
Polytechnique favorise de plus en plus le parcours entrepreneurial. La formation d’ingénieur permet de bien appréhender le secteur des nouvelles technologies.
Polytechnique est une porte d’entrée qui nous permet d’être écoutés. Pour autant, cela ne veut pas dire que les investisseurs vont investir dans notre projet.
7) N’est-il pas stressant de créer une entreprise si jeune ? Avez-vous reçu des soutiens ?
Oui ça l’est mais le stress a un peu diminué quand on a levé pour la première fois des fonds pour financer notre projet. Il existe un cliché en France où on croit qu’un chef d’entreprise peut vivre les premières années sur les seules aides qu’il perçoit de l’Etat et qu’il ne va donc pas se rémunérer pendant 2 ou 3 ans. Sur 3 fondateurs, nous sommes 2 à avoir moins de 24 ans : on ne peut donc pas bénéficier d’aides comme le RSA. Clairement, ça met la pression.
Nous avons eu beaucoup de soutien à commencer par la famille mais aussi par des organismes (par exemple, on a reçu 5 000 euros de bourse grâce à Le Camping) et on a remporté un concours à HEC en partenariat avec La Fondation Le Roch Les Mousquetaires.
8) Faut-il avoir l’idée du siècle pour monter sa boîte ?
Non. Par définition, on ne peut pas savoir par avance si son idée est l’idée du siècle. On le voit bien dans le film « The Social Network » où Mark Zuckerberg a d’abord lancé divers projets à l’université avant de réellement se consacrer à Facebook. Il faut se lancer dès qu’on a une idée puis l’améliorer au fur et à mesure.
9) N’avez-vous pas besoin de commerciaux ?
Les compétences ne dépendent pas de la formation. Notre cursus généraliste nous permet d’utiliser des savoir-faire.
Nous avons chacun des compétences complémentaires : je m’occupe de la partie commerciale, Guillaume du développement produit et Nicolas du développement technique de l’application. Tout le monde s’y retrouve.
A HEC, nous avions à faire une semaine de vente chez Darty. Sur les 100 candidats et sur les 8 Polytechniciens inscrits, 5 sont arrivés dans les dix premiers. Ce n’est pas tant la formation mais la personnalité qui compte.
10) Avez-vous eu recours au « love money » ?
Tout dépend de ce qu’on appelle le « love money ». Ce ne sont pas vraiment nos proches qui nous ont prêté de l’argent mais plutôt des investisseurs qui ont cru en nous au début de notre projet sans trop avoir encore d’informations.
11) Quels conseils donneriez-vous pour choisir son incubateur et lever des fonds ?
Pour la levée de fonds, le capital est rare donc il ne faut pas hésiter à lever des fonds le plus tôt possible et à être constamment à la recherche de financement.
Pour ce qui est des incubateurs, il y a plus de demande que d’offre donc il est rare d’avoir le luxe de pouvoir choisir son incubateur.
12) Quelles ont été les difficultés que vous avez rencontrées lors de la création de votre entreprise ? Y a-t-il des choses, avec un regard rétrospectif, que vous auriez-fait différemment ?
Oui ! Avec le recul, nous aurions directement développé l’application mobile au lieu d’un site internet.
Pour ce qui est des difficultés rencontrées, je dirais que c’est surtout les levées de fonds car il faut beaucoup négocier, c’est très dur psychologiquement. On manque aussi beaucoup de temps, il y a des hauts et des bas quotidiens.
13) Quels sont les avantages et inconvénients quand on monte une entreprise ?
Les avantages, c’est qu’on est très libre dans notre travail et dans notre organisation. On peut tracer sa propre route. C’est ce qui me fait lever le matin.
Les inconvénients, c’est qu’on peut parfois se sentir seul dans la galère. Le projet dépend surtout de l’équipe. Si elle est démotivée, c’est tout le projet qui en pâtit. Au final, l’équipe importe autant voire plus que le projet lui-même.
14) Quels conseils donneriez-vous aux futurs entrepreneurs ?
Il ne faut pas avoir peur de se lancer et il ne faut pas se poser de limites. Il existe un cliché quand on crée une boîte en France, c’est qu’il y a moins de capital et que le marché est plus petit que dans d’autres pays. Ce n’est pas spécialement vrai. Le numérique permet d’accéder à un marché global : on peut toucher tous les pays du monde grâce à Internet. La première version de notre application n’était pas en français mais en anglais : au final, on ne sait pas d’où vont provenir nos utilisateurs. Autant adopter dès le début l’anglais pour être international.
15) Merci pour votre témoignage. Je vous laisse le mot de la fin.
Il ne faut pas avoir peur de créer une entreprise en France. On pense souvent que c’est mieux de le faire ailleurs alors qu’en réalité, tout est dans la tête : il faut penser de manière globale.
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