Hervé, fondateur de Vocajob
Par Hervé-
Publié le : 11/02/2016
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Lecture 6 min
"A quoi ça sert d’avoir des rêves quand on est jeune si on les abandonne quand on grandit ? "
1) Bonjour, pourrais-tu te présenter en quelques mots ?
Bonjour, je m’appelle Hervé Lam, j’ai 28 ans et je suis le fondateur de Vocajob.
Au niveau de ma formation, j’ai fait 2 ans de classes préparatoires HEC puis j’ai intégré SKEMA dont j’ai été diplômé en 2013. J’ai ensuite travaillé en banque pendant 1 an et demi en analyse financière puis en gestion de projets. En parallèle à cette activité, je suis entrepreneur sur Internet.
2) Tu t’es lancé à 12 ans en tant qu’entrepreneur sur Internet. Peux-tu nous parler de tes motivations ?
Je me suis aperçu très jeune que j’avais une passion : construire et lancer de nouveaux projets. Le problème c’est qu’à cette époque j’étais très jeune, et que donc à cet âge-là, c’était compliqué de me lancer.
Heureusement, comme un problème n’arrive jamais sans solution, j’ai fait la découverte d’Internet au même moment. J’ai alors compris que c’était grâce à cette nouvelle technologie (en 2000, Internet en étant encore à ses balbutiements, il n’y avait par exemple pas encore de connexion haut débit, j’étais sur du 56k et je travaillais sur le (très) gros ordinateur de bureau familial…) que j’allais pouvoir lancer mes projets.
3) Que s’est-il passé ensuite ?
Comme je n’avais rien, il a fallu que je développe tout de zéro. La première étape a consisté à acquérir des compétences en informatique : chaque semaine pendant plusieurs mois, je suis allé à la bibliothèque pour apprendre les langages de programmation afin de pouvoir créer des sites internet.
Ensuite, j’ai commencé à construire des petits sites pour des amis histoire d’acquérir de l’expérience et surtout, prendre confiance en moi. Au bout de quelques temps, j’ai compris que cette compétence pouvait être monétisée. Je me suis alors dit que ce serait génial de pouvoir être payé pour quelque chose que j’adorais faire. C’est donc vraiment à ce moment que j’ai décidé de me professionnaliser et que j’ai entrepris de créer une start-up.
4) Comment as-tu développé la start-up ?
Au début, il a fallu que je me crée mon portfolio. Le problème, c’était que la partie « Réalisations » était vide vu que je n’avais encore jamais eu de vrais clients. Pour contourner le problème, j’ai lancé mes propres projets dans le but 1) de remplir mon portfolio 2) de montrer ce que je savais faire. Mon premier projet a été de construire un site qui apprenait aux gens à créer des sites.
En parallèle, j’ai commencé à fréquenter des forums webmasters sur Internet où j’aidais les gens à résoudre leurs problèmes en programmation. Des événements « IRL » se sont organisés entre les membres. Petit à petit, j’ai commencé à me faire connaître ce qui m’a permis de développer un réseau professionnel de clients. Je tiens à souligner que j’ai eu énormément de chance à ce moment-là car j’ai rencontré des gens extraordinaires qui m’ont fait confiance en me confiant leurs contrats. Ce n’était pas du tout évident car au final, j’étais encore mineur et sans aucun diplôme.
5) Quelles étaient tes activités dans ta start-up ?
Il y en avait 2 :
– La première, c’était de créer des sites internet pour des clients. Par création de sites, j’entends aussi bien programmation (html, css, php, mysql), web-design que référencement.
– La seconde, c’était de lancer mes propres projets. J’en ai lancé au total 5 (dont Vocajob). Les 4 autres précédents étaient dans des secteurs très variés (un site de recettes de cuisine, un comparateur d’offres ADSL, un portail pour jeunes et un site pour apprendre à créer des sites) et je les ai vendus pour financer mes études en école de commerce.
6) Quels conseils donnerais-tu aux jeunes entrepreneurs ?
– Lors de la phase de conception, il est impératif de bien identifier le problème qu’on veut résoudre. Pour ça, il faut faire un « stress-test » dessus en se posant toutes les questions à court, moyen et long termes, quitte à faire preuve de paranoïa : en quoi ma solution est innovante, que font les concurrents actuels, pourquoi n’y ont-ils pas pensé, qu’est-ce qui leur manque, comment vont-ils réagir, en combien de temps pourront-ils me rattraper, quels sont mes avantages etc. Ensuite, il faut parler de son projet à plusieurs personnes pour avoir leurs retours. Enfin, plutôt que de se concentrer sur les difficultés, il faut rester positif et enthousiaste : le seul moyen de savoir si son idée est juste, c’est de se lancer 😉
– Lors de la phase de construction, il faut avoir une vision claire et juste des choses et s’y tenir au maximum même si parfois, tout peut sembler s’écrouler (certaines personnes vous diront par exemple que votre idée existe déjà et qu’il est donc inutile de la lancer etc.).
– Lors de la phase de lancement, il est vital d’écouter avec attention les retours de ses partenaires et clients car ce sont eux qui vont vous aider à améliorer votre projet !
– Lors de la phase de développement, calculez bien à chaque fois le coût/bénéfice de chaque action et remettez-vous toujours en cause quand bien même vous semblez réussir.
7) Pourquoi ne pas avoir continué dans le Web et qu’est-ce qui t’a poussé à faire une école de commerce ?
Quand je suis sorti du lycée, j’avais déjà travaillé de nombreuses années sur Internet de manière intensive et honnêtement, j’avais aussi fait le tour du « poste ». Surtout, j’ai réalisé que j’étais plus intéressé par le côté « business » des projets que le côté purement technique. La programmation, même si elle m’a apporté énormément de plaisir, n’était qu’un hobbie pour atteindre mon objectif premier : pouvoir lancer des projets.
Je me suis donc orienté en classes préparatoires pour intégrer une école de commerce et avoir ainsi une double compétence.
8) Une fois en école, tu as enchaîné des expériences très variées. Y a-t-il eu un fil directeur à tout ça ?
Mon objectif en école de commerce était double :
– Le premier était de m’ouvrir à d’autres secteurs et à d’autres fonctions. Je voulais voir ce qu’il y avait à part Internet, je voulais découvrir et apprendre le maximum de choses… J’étais vraiment curieux de savoir comment les autres faisaient pour lancer leurs projets. Plutôt que de me spécialiser dans une fonction (marketing, RH, finance etc.) ou même un secteur, j’ai préféré avoir des expériences variées pour répondre à toutes les questions que je me posais.
– Le second était de voyager : le temps passé à travailler sur Internet ne m’avait pas laissé beaucoup de temps pour profiter de ma jeunesse. Je voulais donc rattraper mon retard en voyageant au maximum. J’ai ainsi pu vivre 4 mois à Barcelone, 1 an en Chine et 4 mois au Pérou.
9) Comment en es-tu arrivé à créer Vocajob ? Pourquoi avoir choisi d’en faire une association à but non lucratif ?
Quand j’étais en école de commerce, j’avais obtenu un bon stage. Le corollaire direct était que beaucoup de mes camarades de promotion voulaient me remplacer une fois que je serai parti. Ils me posaient donc pas mal de questions sur le stage : qu’est-ce que je faisais, comment était l’encadrement etc. A chaque fois, je leur répondais mais ça me prenait beaucoup de temps. Je me suis donc dit que le mieux, ce serait que je leur envoie mon rapport de stage car il détaillait tout. Je me suis ensuite dit que si tout le monde partageait son expérience, on pourrait créer une énorme base de données de fiches métiers et que ça aiderait tout le monde dans ses choix d’orientation. C’est comme ça que Vocajob est né.
Mon objectif en le lançant était de servir à quelque chose, au sens social du terme. Je voulais vraiment aider les gens plutôt que m’enrichir donc j’en ai fait une association.
10) Que retiens-tu de toutes les interviews de Vocajob ?
Déjà, je remercie tous les gens qui ont participé au projet sans même me connaître. Ils m’ont fait confiance et je les remercie énormément.
Ensuite, une réponse qui revient souvent lors des conseils pour s’orienter est de faire ce qu’on aime réellement. Ca fait un peu comme un cliché mais je suis tout à fait d’accord : quand on y pense, c’est tout à fait rationnel car si on fait quelque chose qu’on aime, on se fatiguera beaucoup moins vite puisqu’on y prendra plaisir, on pourra donc plus travailler et on aura plus de probabilité de devenir le meilleur.
Enfin, quand on est jeune, on a tendance à voir la vie de manière linéaire. La réalité est que la vie est truffée d’obstacles et qu’il faut savoir parfois reculer pour mieux avancer. En dépit de tout ça, je pense sincèrement que tout est possible pour quiconque se donne sérieusement les moyens d’atteindre son but.
11) Quels conseils donnerais-tu aux étudiants pour s’orienter ?
Je leur conseillerais de s’orienter en fonction de ce qu’ils aiment vraiment plutôt que de s’orienter selon leur niveau (exemple : les bons élèves vont en S puis en classes préparatoires etc.) ou de l’image sociale. L’excellence ne passe pas forcément par les Grandes Ecoles, tout au contraire : elle est partout, dans toutes les filières professionnelles, de la philosophie à l’artisanat en passant par l’anthropologie !
12) Merci de ton interview. Je te laisse le mot de la fin.
Suivez votre instinct, faites-vous confiance et n’hésitez pas à aller à contre-courant ! Ca va encore faire un peu cliché mais gardez vos rêves intacts : à quoi ça sert d’avoir des rêves quand on est jeune si on les abandonne quand on grandit ? A vous de jouer 😉 !!
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