Samuel Dock, écrivain et psychologue clinicien
Par Samuel Dock-
Publié le : 15/02/2017
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Lecture 4 min
" N'écoutez pas ceux qui veulent vous décourager. Vous devez écrire, écrire, écrire… "
Samuel Dock, 31 ans, est une de ces personnalités tout à la fois fascinante, par son désir brûlant et communicatif de vivre sa passion coûte que coûte, et touchante d’humilité et de sensibilité. Cet écrivain né, formé à la psychologie, auteur de plusieurs ouvrages notamment sur des sujets de sociétés (Le Nouveau Choc des générations, Le nouveau malaise dans la civilisation), nous a reçu chez lui pour partager son parcours de vie, un parcours parfois semé d’embûches mais aussi pavé de belles rencontres, au long duquel sa ténacité a souvent été récompensée.
1) Bonjour Samuel et merci de nous accorder cet entretien. Bien qu’ayant une formation et exerçant comme psychologue, vous semblez vous sentir avant tout écrivain. Pouvez-vous nous parler des débuts de cette passion pour l’écriture?
Bonjour. Mon goût pour l’écriture remonte à l’enfance, j’ai toujours voulu écrire. Ma mère était bibliothécaire et m’a transmis son goût pour les mots. J’ai rédigé mes premiers « écrits » à l’âge de 9 ans.
2) Vous étiez précoce! Sur quel sujet peut écrire un garçon de 9 ans?
C’était une histoire d’horreur! Ce qui est drôle, c’est que j’ai toujours gardé cette empreinte d’obscurité et de violence dans mes écrits… On y retrouve un socle commun, cette « inquiétante étrangeté » qui existait dans mes histoires d’enfant.
3) Et en grandissant vous avez gardé cette passion…
Oui, toujours. Par la suite au lycée, je fus retenu pour la filière Histoire des Arts, nouvelle et très sélective, ce qui m’a étonné car je n’étais pas le meilleur des élèves. Puis vint le bac, et la question du choix des études. J’étais un peu perdu sur mon orientation car ce que je voulais vraiment, c’était être écrivain. J’ai refusé d’étudier en Lettres car j’avais peur de voir mon style influencé. Un critique littéraire à un jour parlé d’un « mélange de psychiatrie et de poésie », cela me convient parfaitement !
4) C’est alors que vous décidez d’étudier la psychologie!
Tout à fait. J’ai fait la rencontre d’un Professeur de psychologie sociale et j’ai eu un véritable coup de cœur. Je garde d’ailleurs une profonde affection pour cette discipline qui pour moi est indissociable de la psychologie clinique, vers laquelle je me suis dirigée. Bref, je me suis dit : essayons.
5) Apparemment c’était une bonne idée.
Oui, j’ai obtenu tout de suite d’excellents résultats. Pour moi, qui suis un ancien dyslexique, c’était une belle revanche. J’en ai retenu qu’il ne faut jamais se décourager. Je suis un persévérant et j’ai tendance à me dépasser dans l’adversité. J’ai toujours eu un entourage amical, plus que familial, très soutenant.
6) C’est lors de vos études que votre talent d’écrivain a été repéré ?
En faculté de psychologie, j’ai eu deux professeurs qui auront un impact sur ma carrière d’écrivain : Janine Abécassis et Marie France Castarède. Lors de la rédaction de mon mémoire, Janine Abécassis m’a convaincu de ma vocation – Samuel, vous avez un talent fou ! m’a-t-elle dit- et a tenu à me mettre en contact avec sa fille, la romancière Éliette Abécassis. Elle me présentera mon premier éditeur.
Quant à Marie France Castarède elle deviendra un peu plus tard co-auteur de mon livre, Le Nouveau Choc des générations publié en 2015. Mais le chemin n’a pas été si simple. Malgré de très bonnes notes, j’étais sur liste d’attente pour accéder au Master 2, au bon vouloir d’un professeur discriminant et qui a voulu me sanctionner. Par chance, il y a eu un désistement et j’ai pu faire ma rentrée. Cette année a été très dure, principalement à cause du comportement de cet homme. À ce sujet j’ai un message à faire passer aux jeunes. Ne vous limitez jamais au mauvais jugement d’un professeur à votre égard. Ce sont des êtres humains avec leurs défauts, leurs rivalités, parfois leur jalousie. Il faut garder confiance en vous quoi qu’on vous dise, et surtout si on tente de vous rabaisser injustement.
7) Par la suite et grâce aux rencontres évoquées, vous avez commencé à être publié.
C’est exact, avec le soutien d’Éliette Abécassis, ma marraine littéraire, j’ai publié mon premier roman en 2012, L’’Apocalypse de Jonathan, dans une petite maison édition. J’ai eu une très belle promotion et il y a eu un vrai engouement du public à sa sortie. Ce n’est pas un roman autobiographique, mais j’y ai mis un peu de moi, de ma sensibilité. Lors du lancement un soir dans l’ancienne maison de Christian Dior, j’ai eu la visite de mon ancien professeur, Marie France Castarde, qui avait envie de travailler avec moi. Elle m’a offert un livre : Le fossé des générations de l’anthropologue Margareth Mead (1969), qui a donné naissance à notre collaboration pour écrire Le Nouveau Choc des générations. J’ai trouvé l’éditeur du premier coup!
D’autres livres ont précédé et suivi cette parution: un recueil de nouvelles autour du couple en 2014, la biographie de Julia Kristeva cet automne (Je me voyage), ainsi que le Nouveau Malaise dans la civilisation, qui vient de paraitre et m’a été inspiré suite aux événements de Charlie Hebdo.
J’ai également écrit pour le coffret de l’intégrale de Zazie, dont je suis un grand fan (quelle surprise lorsque j’ai été contacté suite à une lettre ouverte que j’avais publié pour elle !). Enfin, j’ai une tribune au Huffington Post dans laquelle je publie des articles assez régulièrement.
8) Changeons un peu d’univers professionnel, parlez-nous de vos débuts comme psychologue?
Il y a eu une traversée du désert avant le premier poste. Il y a peu d’emploi, les déconvenues furent nombreuses. J’ai fait des petits boulots, un peu de vente. Puis j’ai obtenu un poste en cardiologie pédiatrique.
9) En quoi consistait ce travail?
Il s’agissait d’accompagner l’annonce des maladies cardiaques des enfants à leurs parents, ainsi que faire de l’accompagnement en fin de vie. Être un soutien pour l’enfant et ses parents dans la maladie. C’est une expérience poignante. Aujourd’hui je travaille avec des adolescents qui ont des maladies chroniques. J’adore être à leur contact. Ils sont dans une période de leur vie où ils sont très sensibles et ont un regard très juste sur le monde.
10) Comment vous sentez-vous actuellement, quels sont vos projets?
Je me sens bien plus apaisé par rapport à l’emploi, j’ai fait le deuil d’avoir le contrôle là-dessus. Sinon, je compte reprendre ma thèse à la rentrée prochaine, sur le thème des perversions, un thème plutôt tabou et peu exploré.
11) Un conseil pour les écrivains en herbe parmi nos lecteurs?
N’écoutez pas ceux qui veulent vous décourager. Vous devez écrire, écrire, écrire…développer votre style, cultiver votre plume et suivre votre instinct. Et lorsque vous vous sentez prêts, osez diffuser vos textes. Vous pouvez contacter des éditeurs, faire un blog littéraire… Je conseille dans ce cas de publier des sujets de sociétés qui vont toucher davantage le public. Quoiqu’il en soit il ne faut pas abandonner votre rêve !
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