Atte Oksanen, candidat aux élections européennes de 2019
Par Atte Oksanen-
Publié le : 04/05/2019
-
Lecture 5 min
" En politique, il y a 1 000 parcours possibles et on valorise de moins en moins le parcours « royal » classique (ie : faire Sciences Po puis l’ENA) "
A) PARCOURS
1) Bonjour Atte. Pourrais-tu te présenter ?
Bonjour ! Je m’appelle Atte Oksanen. J’ai 30 ans et je suis franco-finlandais. Je suis engagé au sein de Génération.s, mouvement de gauche pro-européen fondé par Benoît Hamon.
Actuellement, je travaille en tant que Chargé de mission à l‘APVF (Association des Petites Villes de France).
2) D’où tires-tu ton engagement politique ?
De manière générale, j’ai toujours souhaité m’investir en politique pour participer aux grandes orientations de la société et avoir un impact positif sur la vie des gens. Si je n’avais pas pu le faire, j’en aurai été frustré.
3) Tu as la double nationalité franco-finlandaise, tu as étudié en Inde à la Jawahar Lal Nehru University et au Royaume-Uni à la London School of Economics (LSE) lorsque tu étais à Sciences Po Paris. Ces riches expériences à l’international constituent-elles un plus en politique ?
C’est clairement un plus parce que ça permet de prendre du recul vis-à-vis de la politique nationale. Par exemple il y a quelques semaines de cela, j’ai publié un article dans le Huffington Post qui expliquait les raisons pour laquelle le mouvement des Gilets jaunes ne pourrait pas exister en Finlande (respect des corps intermédiaires, pas de mythe de l’homme providentiel…). Ce sont mes expériences internationales qui m’aident à avoir un regard neuf et différent sur les sujets de société en France.
4) Tu es également engagé dans l’associatif, notamment en tant que co-fondateur de l’association One, Two, Three… Rap ! Pourrais-tu nous dire comment est né ce projet ?
C’est une association qui a été lancée en 2012, lorsque j’étais encore étudiant à Sciences Po. L’idée est partie d’un constat simple : en France, les jeunes ont une relation difficile avec l’anglais. Pourtant, ils consomment beaucoup de culture anglo-saxonne. Pourquoi ne pas utiliser le Rap anglophone pour apprendre l’anglais ? C’est en partant de ce constat que notre association a vu le jour.
B) EXPERIENCES PROFESSIONNELLES
5) Comment as-tu choisi ton premier emploi, une fois diplômé de Sciences Po ?
J’étais diplômé de Sciences Po en 2012, en section Affaires Européennes. Je voulais travailler en politique, conformément à mon engagement. J’ai donc débuté en tant qu’Assistant parlementaire auprès de la député Estelle GRELIER puis au sein de l’association AdCF (Assemblée des communautés de France) en tant que Chargé des relations avec le Parlement. En mars 2016, j’ai rejoint le cabinet ministériel d’Estelle GRELIER, alors secrétaire d’Etat chargée des collectivités territoriales, en tant que Conseiller technique. C’est grâce à elle que j’ai pu découvrir un milieu auquel je n’étais pas encore complètement familier. J’ai pu travailler sur des sujets passionnants liés à l’Europe mais également aux collectivités territoriales.
6) En quoi consiste la fonction de Conseiller technique ?
Chaque conseiller est chargé d’un dossier qu’il suit de A à Z. Au quotidien, il prépare des notes pour informer la Ministre, participe aux réunions interministérielles (plus communément appelées dans le jargon « RIM ») pour défendre les intérêts du Ministère auprès des partenaires sociaux, parlementaires, etc.
7) Comment rentre-t-on en cabinet ministériel ?
Il y a en général 2 types de profil en cabinet ministériel :
- Le profil « politique » : il a par exemple commencé en tant qu’assistant parlementaire pour évoluer ensuite sur une fonction de Conseiller (communication et presse, relations avec le Parlement…) puis peut évoluer en tant que Chef de cabinet.
- Le profil « technique » : c’est celui qui a une expertise pointue dans un domaine bien précis et qu’il peut mettre au service d’un(e) Ministre
Bien évidemment, les profils ne sont pas exclusifs, et certains mélangent les 2 profils en même temps.
8) La vie en cabinet ministériel est réputée difficile, notamment au niveau de la charge de travail élevée. Qu’en pensez-vous ?
La charge de travail en cabinet ministériel n’est pas lisse tout au long de l’année : ça va par vague, il y a des fois des gros pics suivis de temps morts. De plus, l’actualité peut parfois dicter la charge de travail. Ce n’est pas tant la quantité de travail qui est difficile, mais le fait de devoir être disponible à n’importe quelle heure, tout le temps, pour pouvoir répondre aux urgences.
9) En quoi consiste ton poste actuel de Chargé des relations institutionnelles au sein de l’APVF ?
L’Association des Petites Villes de France (APVF) est une association qui regroupe 1 200 villes adhérentes. Je représente les intérêts des maires des petites villes de France (celles qui comptent entre 2 500 et 25 000 habitants). A ce titre, je m’occupe du suivi législatif pour m’assurer que les intérêts des collectivités territoriales que je défends sont bien pris en compte par le Gouvernement et les Parlementaires.
10) Quels conseils donnerais-tu pour s’orienter ?
C’est plus une philosophie que des conseils. Déjà, il ne faut pas stresser. Si on sait ce qu’on veut faire, il faut foncer. Si on ne sait pas, il ne faut pas hésiter à se laisser du temps et expérimenter. Une carrière ne se joue pas sur les premières années de la vie active !
C) ENGAGEMENT POLITIQUE
11) Tu es candidat pour les élections européennes de 2019. Quelles sont les raisons qui t’ont poussé à te lancer dans cette aventure ?
Je souhaite aller à l’encontre de ce qu’on essaye de nous vendre actuellement : un match truqué qui repose sur un clivage opposant le libéralisme contre le nationalisme.
Mon engagement repose sur la conviction qu’il peut y avoir d’autres alternatives pour l’Europe. Je pense profondément que l’Europe se doit d’être plus démocratique : pour cela, il faut retirer le pouvoir des lobbys des multinationales et le remplacer par un lobby citoyen multinational.
12) Un passage par l’ENA est-il utile pour se lancer en politique ?
Non, pas vraiment. En politique, il y a 1 000 parcours possibles et on valorise de moins en moins le parcours « royal » classique (ie: faire Sciences Po puis l’ENA).
En soi, l’ENA peut être utile si on souhaite devenir Haut fonctionnaire mais ce n’est absolument pas primordial pour entrer en politique, tout au contraire.
13) Quels conseils donnerais-tu pour se lancer en politique ?
Pour moi, la politique, c’est porter des changements pour améliorer notre société, que ce soit pour le respect de l’environnement ou encore l’accueil des migrants. Chaque citoyen est légitime pour porter des combats politiques.
Le mieux pour rentrer en politique est, à mon sens, de choisir son combat, de porter et défendre son projet, quelles que soient les circonstances.
Outre la politique, on peut également s’engager dans une association pour défendre une cause à laquelle on est attaché. Je pense que la vie politique et la vie associative sont étroitement liées et qu’il ne faut donc pas les opposer l’une à l’autre.
14) La politique n’est pas toujours vue d’un bon œil. Quels messages souhaiteriez-vous adresser à celles et ceux qui ne croient plus en la politique ?
La politique, c’est comme n’importe quels autres groupes d’humains : il y a des gens biens et parfois, des gens un peu moins biens. Le problème, c’est que dans les médias, on a souvent tendance à entendre parler des cas qui ne mettent pas en avant les qualités des politiques alors qu’il y en a, quoi qu’on en dise.
15) Merci de tes réponses. Je te laisse le mot de la fin.
Allez voter pour les élections européennes du 26 mai : l’avenir de l’Europe est en jeu ! Ne pas voter, c’est laisser les autres décider pour soi, et surtout, laisser le pouvoir de décision aux lobbys des multinationales !
Inspirez vos ami-es en leur partageant ce parcours :
Laissez-vous inspirer par ...
Juliette Méadel, porte-parole du PS : s’engager dans la vie politique
Par Juliette Méadel
Michel Rocard, ancien Premier ministre
Par Michel Rocard
Typhanie Degois, députée de Savoie
Par Typhanie Degois