Devenir Avocat généraliste
Par Vincent Lemaire-
Publié le : 02/12/2012
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Lecture 5 min
1) Bonjour. Pourriez-vous vous présenter ?
Bonjour. Je suis Maître Vincent Lemaire. En qualité d’avocat, j’ai le titre de Maître. Je suis avocat depuis plus de 30 ans maintenant. Chaque jour ou presque,
je vais au Tribunal plaider revêtu de ma robe noire.
Au pénal, je prends la parole pour défendre des personnes ou pour représenter les intérets des victimes. En matière civile, j’accomplis les
actes nécessaires à la procédure et prépare les conclusions.
Lorsque je ne suis pas au Tribunal, je reçois les clients dans mon cabinet pour consultation.
En effet, les avocats ne se contentent pas de défendre des délinquants et des criminels. Ils interviennent aussi dans de multiples domaines
d’activité et peuvent se spécialiser :
– Avocat de proximité : il règle les problèmes de la vie quotidienne (divorce, conflit de voisinage, accident de la route, droit des réfugiés
et des étrangers, mals façons dans le bâtiment etc)
– Avocat d’affaires : il s’occupe de l’internationalisation des échanges, des fusions acquisitions, des conflits de travail. Rares sont les entreprises qui ne font pas appel à un juriste lors d’une prise de décision ou de la signature d’un contrat. Or, depuis la fusion de leur profession avec celle de conseil juridique, les avocats peuvent intégrer les cabinets d’affaires et se spécialiser dans le conseil aux entreprises.
2) Quelle est la principale voie d’accès pour devenir avocat ?
Pour devenir avocat, il faut successivement réussir l’examen d’entrée au CRFPA (Centre Régional de Formation la Profession d’Avocat), suivre
une formation au CAPA (Certificat d’Aptitude à la Profession d’Avocat) et, pour ceux qui le souhaiterait, acquérir une spécialisation.
L’examen d’entrée au CRFPA est accessible au titulaire d’un Bac +4 (Master 1) en droit ou du diplôme de Sciences-Po. Avec 30 à 35% d’admis,
l’accès au CRFA est très sélectif et ne peut être tenté que 3 fois. La conséquence de l’afflux des candidats est que les critères de sélectivité
augmentent et la plupart des candidats possèdent déjà un Master 2.
Les IEJ (Instituts d’Etudes Judiciaires) présents dans la plupart des universités de droit, assurent une préparation spéciale aux épreuves d’entrée en CRFPA. Il faut s’y inscrire dès le début du cursus.
La formation au CAPA d’une durée de 18 mois, s’organise selon 3 modules :
– une formation de 6 mois délivrée par les CRFPA est consacrée à l’acquisition des fondamentaux. Les enseignements portent notamment sur le statut, la déontologie et les aspects pratiques de l’exercice de la profession. Cette formation est commune à tous les futurs avocats.
– un module de 6 mois est consacré à la réalisation d’un projet pédagogique individuel (PPI). Ce module doit encourager l’élève avocat à définir
ses choix personnels et à préparer en conséquence son intégration personnelle.
– Au cours de la 3ème période, l’aspirant avocat effectue un stage de 6 mois auprès d’un avocat confirmé.
A l’issue de cette formation, les étudiants sont soumis à l’examen de sortie pour obtenir le CAPA. Au programme : une note de contrôle continu, un
écrit de 5 heures, 5 oraux (langue vivante étrangère, exposé, discussion avec rapport d’activité, plaidoirie, discussion avec rapport de stage
en cabinet d’avocat, déontologie).
Dès l’obtention du CAPA, les avocats prêtent serment et peuvent solliciter leur inscription au tableau du barreau de leur choix.
Les mentions de spécialisation :
Les avocats spécialisés passent un examen pour faire reconnaître leurs compétences dans une ou plusieurs disciplines juridiques, sous la forme de mention de spécialisation. Il existe 15 mentions de spécialisation :
– droit des personnes
– droit pénal
– droit immobilier
– droit rural
– droit de l’environnement
– droit public
– droit de la propriété intellectuelle
– droit commercial
– droit des sociétés
– droit fiscal
– droit social
– droit économique
– droit des mesures d’exécution
– droit communautaire
– droit des relations internationales.
Formation continue :
Pour mettre à jour et perfectionner ses connaissances, l’avocat a l’obligation de consacrer 20 heures par an à la formation continue. L’avocat
spécialisé doit consacrer un quart de son temps de formation continue à renforcer sa spécialité.
Passerelle pour juriste d’entreprise :
Un juriste d’entreprise est un professionnel du droit qui est chargé, en tant que cadre salarié d’une entreprise, de défendre les intérêts
de juriste d’entreprise. Il doit justifier 8 ans de pratique au sein du service juridique d’une ou plusieurs entreprises pour devenir avocat.
3) En quoi consiste précisément le métier d’avocat généraliste ?
Comme je l’ai indiqué précédemment, l’avocat n’est plus seulement ce personnage en robe noire plaidant dans un Tribunal. Aujourd’hui,
il est aussi conseiller juridique. Il renseigne notamment ses clients sur la procédure judiciaire, aide à régler les conflits et anticipe
leurs apparitions. Il dirige également les justiciables vers les différents tribunaux selon la nature du litige. Je conseille les clients
et j’essaie dans la mesure du possible d’arriver à un compromis, un règlement par une négociation ou transaction afin d’éviter un procès
qui risque d’être long et coûteux. Ne dit-on pas qu’il vaut mieux une bonne négociation qu’un mauvais procès ?
4) Quels sont les aspects les plus difficiles de votre travail ?
Je dirais que c’est de désamorcer les conflits, apaiser les tensions entre les partis, faire entendre raison aux deux partis. Devoir aller s’expliquer
devant le Juge, c’est d’admettre l’échec des négociations. La plus grande satisfaction pour un avocat est d’être parvenu à une bonne transaction.
5) Quelle qualités faut-il pour être un bon avocat ?
La qualité première pour un avocat c’est d’être à l’écoute de son client. Bien écouter, c’est déjà une partie du travail accompli. Savoir négocier
est aussi une qualité essentielle, cela implique de bien posséder son dossier et d’avoir une vue d’ensemble du problème. Enfin, l’avocat doit
avoir un esprit de synthèse et une éloquence certaine.
6) Pourquoi avoir choisi cette spécialité ?
On distingue les avocats généralistes et les avocats spécialistes. Les avocats généralistes pratiquent toute forme juridique mais sans être titulaires
d’un certificat de spécialisation. Les avocats spécialisés sont spécialistes d’un domaine particulier du droit (droit des personnes, droit pénal, droit
immobilier…). Ils sont titulaires d’un certificat de spécialisation.
Les avocats aux conseils (cour cassation, cour d’appel) ont le monopole de la plaidoirie devant ces instances. Ils doivent passer un examen d’aptitude spécifique. Moi, je suis avocat généraliste.
7) Y a t-il des évolutions possibles de carrière en tant qu’avocat généraliste ?
Aucune, sauf en ce qui concerne les honoraires qui varient selon le nombre d’années d’ancienneté.
8) Quel est le salaire de début et de fin de carrière de l’avocat généraliste ?
Pour exercer, l’avocat doit être inscrit à un barreau composé de l’ensemble des avocats rattachés à un Tribunal de Grande Instance (TGI).
1 seul statut. 3 options s’offrent aux jeunes diplômés :
– Se faire recruter comme salarié dans une entreprise
– Devenir collaborateur d’un cabinet, tout en ayant la possibilité de développer sa propre clientèle
– Ouvrir d’emblée son propre cabinet.
Un avocat perçoit des honoraires libres, fixés en accord avec son client. Ces honoraires varient selon l’activité, la renommée et la localisation
du cabinet. Le montant peut faire l’objet d’un contrat écrit dès le premier entretien (c’est ce qu’on appelle une convention d’honoraires).
Les deux systèmes de rémunération les plus courants sont la rémunération au « forfait » (par dossier) et la rémunération « au temps passé » sur la
base d’un taux horaire qui dépendra notamment de la complexité de l’affaire et de la spécialité, de la notoriété et de la structure d’exercice
de l’avocat. Ainsi, à Paris, le taux horaire pratiqué peut évoluer de 200 à plus de 600 euros.
Dans les deux cas, il est possible d’ajouter un honoraire de résultat (convention obligatoire) calculé en fonction du gain obtenu ou de la
rapidité avec laquelle il a été obtenu.
Le revenu annuel moyen à l’échelle natonale des avocats ayant moins de 10 ans d’exercice s’établit à 50 000 euros environ. Pour les avocats ayant plus
de 10 ans d’exercice, il s’établit à 110 000 euros environ.
Le revenu moyen à Paris est d’environ 60% supérieur à la moyenne constituée en province.
9) Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un désirant exercer en tant qu’avocat généraliste ?
Il y a de plus en plus d’avocats. A Paris, nous sommes presque 30 000. Le marché est très difficile. Beaucoup de jeunes avocats ne survivent que grâce à l’aide juridictionnelle. Il s’agit d’une aide de l’Etat aux démunis qui veulent saisir le Tribunal mais n’en ont pas les moyens.
Il y a beaucoup d’avocats qui vivent difficilement. Par contre, il y a de riches avocats bien évidemment. Ce sont avant tous des avocats d’affaires, des avocats fiscalistes et des avocats politiques.
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