Devenir Chargé de recherche en RH
Par Marie-
Publié le : 29/10/2017
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Lecture 5 min
" Ayez en tête que les cabinets ont une vocation commerciale à but lucratif. C’est de fait un environnement pressurisant où la concurrence est féroce "
1) Bonjour. Pourriez-vous vous présenter ?
Je m’appelle Marie et mon expérience se développe en deux temps.
Un premier temps de 6 années en cabinet de recrutement, sur la recherche de profils « top management » (cadre et cadre supérieur)
dans des cabinets spécialisés en finance comptabilité et en banque de financement. Et un second temps en cabinet d’outplacement
depuis 9 ans sur l’accompagnement de bénéficiaires en bilan de compétences et/ou en recherche d’emploi.
2) Pourquoi avoir choisi de mener des études en sociologie ? Quel a été le lien avec la fonction RH ?
J’ai démarré mes études par un BTS actions commerciales que j’ai effectué en alternance, suivi d’une spécialisation en RH. C’est à l’occasion de mon BTS que j’ai découvert l’univers des cabinets de recrutement, j’y suis entrée en alternance dès la première année sans trop connaître l’environnement.
Cette rencontre a par la suite orientée le reste de ma carrière.
C’est en 2011 que j’ai saisi l’opportunité d’intégrer un Master 2 en sociologie au sein du renommé CELSA. Le master portait précisément sur le diagnostic social et le management des RH. Cette année d’étude a été une expérience formidable au cours de laquelle j’ai pu bénéficier d’un enseignement de qualité. Cela a été beaucoup de travail, cumulé avec deux enfants à l’époque, les cours, les partiels et la rédaction du mémoire.
Aujourd’hui encore je me réjouis d’avoir réalisé ce projet qui me tenait à cœur.
3) En quoi consiste le métier de Chargé de recherche en recrutement ?
Dans les cabinets de recrutement, il existe deux métiers. Celui de consultant, qui est le commercial, l’apporteur d’affaires et qui gère le contact avec le client.
Et celui de Chargée de recherche qui existe essentiellement dans les structures Top management. Le chargé de recherche a pour rôle de « chercher » comme son nom l’indique le profil adéquat pour le client. Il s’agit de réussir à mettre en corrélation deux besoins : celui du client et celui du candidat.
Il faut beaucoup travailler au début pour comprendre les tenants et les aboutissants de la fonction que l’on recherche et les enjeux pour l’entreprise.
Il faut également avoir une vraie curiosité pour l’Autre et pour son parcours, ses attentes à l’avenir. Le métier est essentiellement basé aujourd’hui sur le réseau et la capacité à créer des liens avec les personnes qui vous mènent au profil recherché.
4) Quelles différences y a-t-il entre exercer ce métier en cabinet de recrutement et dans une entreprise ?
La différence majeure est qu’en entreprise vous ne pouvez pas faire « d’approche directe ». C’est-à-dire que vous ne pouvez pas démarcher les personnes d’une entreprise concurrente par exemple.
En cabinet, c’est le but du jeu. Investiguer dans les structures cibles la fonction qui vous intéresse.
Egalement, en cabinet, vous êtes un prestataire. Vous n’appartenez pas à l’entreprise pour laquelle vous recrutez.
Dans cette finalité, le métier est très différent. En entreprise, le chargé de recrutement gère des réponses à annonce.
Pour les entretiens face à face, c’est assez similaire, sauf sur la posture de prestataire, puisque vous ne travaillerez a priori jamais avec le recruté et que vous devez « vendre » le profil que vous avez chassé, à votre client.
5) Quelle formation conseilleriez-vous aux jeunes pour devenir Chargé de recherche en recrutement ?
Je conseillerais deux types de formations : RH tout d’abord, qui permet d’évoluer ensuite en entreprise.
C’est une trajectoire assez classique, d’autant plus qu’après un passage en cabinet, vous êtes un expert des techniques d’entretien.
Formations commerciales également : il s’agit ensuite d’intégrer un cabinet pour se familiariser aux différents métiers pour évoluer vers un poste de consultant.
Attention, je recommanderais surtout de bien entendre qu’en France particulièrement, il n’est pas aisé de changé de métier
quand on est « étiqueté ». Après un passage en cabinet, vous êtes un recruteur, vous n’êtes pas un généraliste des RH.
Pour poursuivre en entreprise donc, il faut bien entendre que cela risque d’être compliqué sur un poste généraliste.
Vos compétences seront recherchées en matière de recrutement.
6) A quel salaire en moyenne peut s’attendre un jeune diplômé en tant que Chargé de recherche en RH ?
Cela varie d’un cabinet à l’autre. Mais de ce que j’ai connu à l’époque, les rémunérations s’élevaient de 25 à 28 k€ en début de carrière.
Il faut prendre en compte également un variable qui – en fonction des cabinets – peut être intéressant. Le recrutement en cabinet est un marché cyclique.
C’est-à-dire que si le marché est fluide, les entreprises font appel à vous et plus vous avez de missions plus vous pouvez générer du chiffre d’affaires.
Si le marché est tendu c’est plus compliqué car pour les entreprises, faire appel à un cabinet reste une prestation onéreuse.
Aussi, l’entreprise préfèrera faire ses recrutements de façon autonome, sauf pour des recherches très spécifiques ou difficiles.
Si le marché s’écroule comme en 2008, l’activité peut cesser quasi automatiquement. Il est très difficile ensuite de trouver des missions.
7) Quelles sont les perspectives d’évolution d’un Chargé de recherche en RH ?
Vous pouvez évoluer vers un poste de consultant pour améliorer sa rémunération et son profil. Souvent au bout de quelques années,
ce sont des profils qui créent leur propre structure et travaillent à leur compte.
Vous pouvez également faire votre parcours uniquement sur la recherche et ensuite évoluer vers l’entreprise (cf: question 5) ou bien vers d’autres cabinets ou d’autres métiers de la prestation RH, type accompagnement individuel ou collectif (cabinet d’outplacement comme BPI, Right Management, Altedia, Oasys).
8) Est-ce que le secteur des RH recrutera-t-il dans les années à venir ?
J’espère bien ! L’entreprise a besoin de continuer à développer ses talents et la fonction RH est disposée à lui donner un regard évolutif intéressant que ce soit en matière de mobilité interne, de développement des compétences ou sur le volet de la formation.
9) Quels conseils donneriez-vous aux jeunes pour devenir Chargé de recherche en RH ?
Je leur conseillerais de cibler les structures en prenant garde à leur culture et surtout en ayant en tête que les cabinets ont une vocation commerciale à but lucratif. C’est de fait un environnement pressurisant où la concurrence est féroce.
On n’est pas sur un environnement RH qu’on appellerait une fonction support, mais bien dans un environnement « front » dans lequel on est sujet
à la pression du chiffre.
10) Quels conseils donneriez-vous aux professionnels souhaitant effectuer un changement de carrière ?
Une première vie d’opérationnel est une qualité pour intégrer un cabinet car on a du réseau et surtout on maîtrise les contours des fonctions sur lesquelles on peut se spécialiser. Les cabinets sont assez férus des transferts de compétences d’opérationnels, il faut simplement bien garder en tête l’aspect commercial et se poser la question de son appétence pour cette dimension.
11) Merci de vos réponses. Je vous laisse le mot de la fin.
Le métier de chasseur est un métier de rencontres et d’échanges. Vous changez d’interlocuteurs tout le temps et il y a un côté « détective »
que j’ai toujours trouvé très amusant ! La monotonie n’existe pas, vous passez d’un sujet à l’autre en quelques secondes et intellectuellement c’est passionnant.
J’espère avoir pu vous aider et répondre éventuellement à des questions que vous vous posiez.
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