Devenir Ingénieur d’études en énergie
Par Timothée-
Publié le : 22/07/2012
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Lecture 4 min
1) Bonjour Timothée. Pourriez-vous vous présenter ?
Bonjour. Après le baccalauréat, j’ai fait 2 ans de classe préparatoire à Marseille option Physique Chimie puis j’ai ensuite intégré Supélec.
Entre ma 2ème et 3ème année, j’ai fait un stage de 6 mois dans le conseil à Solucom : j’avais envie de découvrir les problématiques liées au conseil et à l’informtique.
Pour ma dernière année d’école, je suis parti à Buenos Aires pendant 6 mois où j’ai suivi des cours d’ingénierie électrique.
En revenant en France, j’ai fait mon stage de fin d’année chez EDF SEI (Système Electrique Insulaire) en partenariat avec la R&D (Recherche & Développement) de EDF où j’ai travaillé notamment sur les problèmes de stockage d’énergie.
Je travaille actuellement à la R&D de EDF.
2) En quoi consiste le métier d’ingénieur d’études ?
On peut distinguer 2 types de recherche :
– la recherche en appui aux directions métiers avec comme sujets par exemple : travailler sur la corrosion sur les matériaux de centrales, prévoir le vieillissement des centrales nucléaires, ou encore savoir comment on va gérer le déploiement de nouvelles interconnexions entre les différents pays de l’UE. Ces sujets sont moins prospectifs mais sont beaucoup plus définis.
– la recherche prospective qui consiste à anticiper et prévoir les futures problématiques des entreprises : quelle(s) stratégie(s) adopter, quels seront les enjeux de demain.. Mon projet sur le stockage par exemple est un sujet qui en est encore à ses balbutiements. Il reste encore à y définir de nombreux points : comment financer le stockage, faut-il investir dedans, doit-on s’y positionner, le stockage a-t-il réellement de l’avenir ?
3) Quelles sont les qualités pour exercer le métier d’ingénieur d’études ?
Trois qualités sont essentielles pour exercer ce métier.
D’abord, il faut savoir être autonome : on a beaucoup de libertés en R&D, les sujets sont soient très précis (cf : gestion des interconnexions entre les pays) soit encore un peu flous (cf : le stockage dans un pays). Ainsi doit-on définir soi-même les bonnes problématiques et les questions intermédiaires pour bien comprendre le sujet.
Mais l’autonomie ne doit pas éclipser le travail en groupe, il y a un vrai besoin de transparence du travail qu’on fait : il faut publier des rapports intermédiaires, expliquer ce qu’on a fait, faire en sorte que si on s’en va, quelqu’un puisse reprendre le travail sans problème. Autant l’autonomie est une qualité que tout le monde peut comprendre, autant la deuxième est plus difficile à évaluer. On se rend compte de la valeur du travail d’une personne une fois qu’elle est partie.
La troisième qualité est l’intégrité. Quand on travaille à la R&D, il est facile de cacher certaines choses ou de ne pas tout dire, ce qu’il ne faut pas faire bien évidemment.
En plus de ces trois principales qualités, il est important d’avoir des idées, de l’enthousiasme, et être persévérant.
4) Qu’est-ce qui vous a attiré dans ce métier ?
Ce métier permet de comprendre de manière très approfondie les choses. On est en formation continue car on apprend à observer, à conseiller, à savoir comment on prend des décisions. Bien comprendre et bien analyser l’environnement dans lequel on est évolue est primordial. On y acquiert des méthodes de travail ainsi que beaucoup de connaissances.
5) Quelles sont les évolutions de carrière de l’ingénieur d’études ?
On peut prendre des responsabilités après la R&D et continuer à être au cœur des sujets de prospectives, imaginer le système du futur, pousser pour
aller dans le bon sens, développer les énergies renouvelables sans pour autant impacter le consommateur et être à l’endroit où se prennent les décisions.
La R&D permet d’avoir une vision globale du système, plus que le management qui est un outil plutôt qu’une finalité.
6) Quel est le salaire brut mensuel en début de carrière de l’ingénieur d’études ?
Cela dépend de l’école que l’on a fait. Le salaire brut mensuel est d’environ 41 000 euros par an + primes et rémunérations complémentaires.
7) Quelle formation conseillez-vous pour devenir ingénieur d’études ? Faut-il forcément une thèse pour travailler dans la recherche ?
La thèse permet d’être expert sur un domaine. Après l’avoir fini, on continue d’être chercheur pendant environ une dizaine d’années. Faire une thèse prend du temps, que ce soit pour monter le dossier, définir le sujet etc. L’expérience est sans aucun doute forte intéressante mais la thèse n’est pas très valorisée en France. On n’est pas obligé d’avoir un doctorat pour travailler dans la recherche. Une formation universitaire ou un diplôme d’école d’ingénieur restent les meilleures formations pour accéder aux métiers de la recherche.
8) Certains reprochent aux chercheurs d’être trop déconnectés de la réalité et de ne pas être assez dans le concret. Est-ce vrai ?
On peut faire un double constat sur les retours que nous font les commanditaires sur nos études. Ils nous demandent plus de résultats concrets et plus d’innovations ce qui peut paraître assez paradoxal. Par définition, l’innovation n’est pas un produit/service encore bien
développé donc on ne peut pas forcément être bien concret.
Le remède à cela est qu’il faut beaucoup de communication et d’échanges entre les commanditaires de l’étude et la R&D. Pour faire du bon travail, il est vital d’avoir une bonne organisation et une excellente communication.
9) Pourquoi avoir choisi de faire de la recherche en entreprise et non pas dans un centre de recherche ou laboratoire ?
En France, il existe peu de laboratoires de recherche dans le domaine de l’électricité.
De plus, l’entreprise dispose de plus de moyens avec des sujets d’actualité. Faire de la recherche en entreprise résultait plus d’une opportunité que d’un choix bien défini.
Qui plus est, il n’y a pas beaucoup d’opportunités pour travailler dans des centres de recherche tels que le CNRS. De plus, lorsque l’on rentre dans le monde académique, on a tendance en France à être fiché pure profil recherche.
10) Quels conseils donneriez-vous aux étudiants voulant devenir ingénieur d’études ?
Il ne faut pas avoir d’aprioris sur la R&D, ni avoir de préjugés sur le métier (les chercheurs sont déconnectés de la réalité, impossible de sortir de la recherche une fois que l’on y est etc). Il faut se poser ces questions bien évidemment mais en meme temps, si la R&D est bien organisée comme c’est le cas pour moi, l’expérience est réellement très enrichissante quelque soit le parcours professionnel qui s’en suit.
11) Merci pour votre témoignage. Je vous laisse le mot de la fin.
Je suis très satisfait du métier d’ingénieur d’études car il permet d’approfondir ses connaissances, de bien connaître ses sujets et de s’y épanouir pleinement.
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