Alain, travailleur français employé en Suisse
Par Alain-
Publié le : 15/06/2012
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En Suisse, à tout moment il est possible d'être licencié
1) Bonjour, pourriez-vous commencer par vous présenter ?
Je me prénomme Alain. Toute ma vie j’ai travaillé dans le commerce du luxe. Mon patron est en Suisse. Dans un premier temps, je vais donc vous décrire les formalités requises pour travailler en Suisse, puis faire une description du métier du luxe.
2) Quelles sont les démarches administratives pour pouvoir travailler en Suisse ?
Retenez que 20 % des Suisses s’expriment en Français. Pour les trouver, il faut rester à l’Ouest du pays, en Suisse dite ROMANDE. Celle-ci compte sept cantons : Genève, Vaud, Neuchâtel et le Jura qui sont uniquement francophone, et Berne, Fribourg et le Valais, qui sont bilingues allemand et français.<br>Le marché du travail Suisse est largement facilité pour les ressortissants de l’Union Européenne, grâce aux accords bilatéraux signés entre la Suisse et les pays de l’U.E. Toutefois, un permis de travail est obligatoire pour rendre légal votre embauche.
Si vous vous installez en Suisse :
– Permis L de courte durée : celui-ci est délivré pour 4 mois à un an, sur la base d’un contrat de travail (ou déclaration d’engagement). Il est valable de 4 mois à un an, mais renouvelable ; après 30 mois de séjour, il est transformé en permis B.
– Permis B ou autorisation de séjour : celui-ci est délivré aux ressortissants de l’UE qui désirent s’installer en Suisse pour une année au minimum et possédant un contrat de travail d’une durée au moins égale à cette période. Il est valable 5 ans.
– Permis C encore appelé permis d’établissement. Pour l’obtenir, il faut résider en Suisse, être ressortissant de l’Union Européenne, et surtout avoir un emploi et …avoir séjourné ou travaillé en Suisse depuis au moins 5 ans.. Ce permis est accordé pour une durée indéterminée et vous met sur un pied d’égalité avec le Suisse. Les profession inaccessibles avant sont désormais possible (exemple ; exercice libérale).
Si vous préférez rester en France :
– Permis G ou permis frontalier : il est délivré aux ressortissants et habitants de l’UE travaillant en Suisse. Il faut posséder un contrat de travail ou une déclaration d’engagement et rentrer chez soi au moins une fois par semaine. Ce permis est valable 5 ans sauf si le contrat de travail est prévu pour une période inférieure à 1 an, le permis est alors valable pour la période du contrat de travail.
Titulaire d’un de ces 4 permis, la circulation géographique et professionnelle est alors totale. L’obtention est une formalité rapide. C’est l’employeur ou vous-même qui présenterez la demande d’autorisation de travail. Il vous sera alors demandé votre carte nationale d’identité ou passeport, une attestation d’emploi, le livret de famille (si votre famille s’y installe aussi), un extrait du casier judiciaire ainsi que le formulaire d’autorisation de séjour.
Déclaration d’ arrivée :
Lors de l’installation, dans les 8 jours et avant le premier jour de travail, il vous sera demandé de remplir une déclaration d’arrivée au contrôle des habitants de votre commune. Vous demanderez le renouvellement à chaque changement de domicile.
3) Où payer ses impôts ?
Les détenteurs des permis L et B sont prélevés à la source par l’employeur (sauf si le salaire dépasse un certain seuil déterminé selon les cantons). Les titulaires du permis C règlent, comme les autonomes, leurs impôts en fin d’année sur la base de leurs déclarations. Pour les frontaliers travaillant dans le canton de Genève, ils sont directement prélevés à la source. Une attestation vous sera remise. Une déclaration d’impôt française est à remplir mais une case est prévue pour inscrire le montant déjà imposé dans un autre pays. En tout cas, pour plus de précaution, rapprochez vous de votre centre d’impôt, car vous aurez quelques formalités administratives à remplir.
Pour ceux qui travaillent hors du canton de Genève et rentrent quotidiennement en France, ceux-ci sont imposés comme des travailleurs métropolitains. Toutefois, si vous ne rentrez qu’une fois par semaine, vous payez vos impôts en Suisse (d’où nécessité d’une déclaration dans votre commune). Etant tout de même résident français, une déclaration d’impôt sera nécessaire, mais il y sera mentionné que vous êtes déjà imposé dans un autre pays.
4) Quelle est la durée du travail en Suisse ?
La durée du travail est de : 42,4 heures par semaine ; il y a 20 jours ouvrés de congés payés. Les jours fériés varient selon les cantons, mais il y a généralement entre 8 et 9 jours.
En Suisse, à tout moment il est possible d’être licencié sauf dans le secteur public, le maintien dans l’emploi n’y existe pas. Une indemnisation peut être versée en compensation mais n’excédera pas 6 salaires mensuels. La femme en état de grossesse ou le malade ne peuvent pas être licenciés. Sont considérés comme abusifs, les licenciement à caractère sexuel ou racial.
5) Quid des assurances sociales lorsque l’on travaille en Suisse ?
Le salarié suisse est soumis au régime obligatoire LAMAL (Loi fédérale sur l’assurance-maladie). L’assurance de base couvre les traitements effectués par le médecin et les médicaments, les frais d’hôpitaux, les frais de maternité. Sauf exception, les frais dentaires ne sont pas couverts et les soins d’optique sont très peu remboursés. Les couvertures maladies étant identiques quelque soit la caisse choisie, il vous reste à choisir la moins coûteuse.
Le système est basé sur un système de franchise : c’est le montant que vous décidez d’investir dans l’année en cours pour vos dépenses de santé. La prime d’assurance maladie est en fonction de la franchise choisie, de l’âge et de la commune. Enfin, vous participez à 10 % (quote-part) des parts remboursés par la caisse d’assurance, la quote-part maximale annuelle pour un adulte est de 700 francs suisses (soit 443 Euros environ).
Les frontaliers bénéficient d’options particulièrement larges pour s’assurer : le droit d’option, une décision irrévocable.<br>En tant que frontalier, vous êtes ‘par défaut’ affilié au régime suisse, mais vous avez 3 mois pour faire une demande d’exemption si vous souhaitez changer de régime.
La couverture maladie est identique à celle des résidents. Pour la souscription, il n’y a pas de système de franchises. Plusieurs caisses de maladies existent et proposent un tarif en fonction de l’âge et du lieu de résidence; l’état de santé n’est pas pris en compte, les caisses ne peuvent pas refuser une inscription. C’est une assurance individuelle, d’où nécessité d’une souscription supplémentaire à une mutuelle.
6) Peut-on bénéficier de la Couverture maladie universelle (CMU) en Suisse ?
La CMU permet de bénéficier du régime d’assurance maladie français, la sécurité sociale. Tous les membres de la famille en bénéficient. Il n’ y a pas de gratuité. La CMU pour les frontaliers est payante et dépend essentiellement de votre revenu. Pour calculer, prenez votre revenu net de l’année passée et retirer 8644 euros. Ensuite vous prenez 8 % de ce montant et vous obtenez alors le montant de la CMU pour l’année.
7) Qu’en est-il du système de retraite suisse ?
En Suisse le système de retraite est basé sur 3 piliers :
1°/ Assurance vieillesse et survivants. Cette assurance est obligatoire. Les charges sont partagées équitablement entre l’employeur et l’employé et déduites dans les charges salariales. Pour bénéficier de la rente, il faut avoir été assuré au moins 1 an à AVS ( assurance vieillesse et survivants). L’âge légal pour en bénéficier est de 64 ans pour les femmes et 65 ans pour les hommes.
2°/ La prévoyance professionnelle. Elle est également obligatoire. Son but : maintenir le niveau de vie en cas de vieillesse, d’invalidité ou de décès du conjoint ou des parents.
3°/ La prévoyance facultative. Elle est à l’initiative des employés. Souscrite auprès des banques ou des compagnies d’assurances, elle se présente sous forme de produits bancaires avec de faibles taux d’intérêts mais totalement déductibles des impôts.
8) Quid des autoroutes ?
Les autoroutes sont limitées à 120 Km à l’heure. Une vignette payante vous assure le droit de passage. Elle coûte 27 euros et vous donne le droit de circuler librement sur auto -route du Ier Décembre au 31 janvier.
9) Comment se porte l’industrie du luxe actuellement ?
De manière générale, le luxe est un secteur économique apparu au XVII siècle en France. Le secteur du luxe est défini par trois critères : la visibilité de la marque ou de la maison (nom des entreprises du luxe), la temporalité (référence culturelle) et l’aboutissement (la performance , la qualité).
Récemment, les groupes mondiaux du luxe ont été confrontés à une modification brutale de leur environnement et de leurs marchés. Pour la première fois depuis de nombreuses années, certains groupes ont connu un recul de leur chiffre d’affaire en 2003. D’autres au contraire ont remarquablement bien traversé la crise et s’en sont même sortis renforcés. L’impact du retournement est d’abord financier car il s’est soldé par une contraction des marges et un endettement des groupes. L’impact est aussi organisationnel obligeant les groupes à repenser leurs stratégies et leur mode de développement.
L’ heure est aujourd’hui à la mise en place des plans de développement à long terme en tenant compte de nouvelles donnes : la pression des actionnaires sur la rentabilité des groupes côtés, le potentiel économique et démographique des clientèles chinoises, asiatiques et arabes.
10) Par quoi le secteur du luxe se distingue t-il des autres secteurs ?
Le luxe est un mode de vie caractérisé par de grandes dépenses consacrées à l’acquisition de biens superflus, par goût de l’ostentation et du plus grand bien-être. Il est notamment synonyme de rareté. L’image de la marque est primordiale.
Un produit de luxe se doit d’être composé de 5 attributs :
– la perception d’une excellente qualité conférée par la matière (diamant par exemple)
– la perception d’un prix très élevé
– la certitude d’une rareté, non seulement dans l’offre mais aussi dans la demande
– Un rappel à tous les sens. Tous les produits de luxe doivent être beaux, sentir bon, être agréable au toucher comme au palais. De ce fait, le monde du luxe entretient des rapports difficiles avec la haute technologie
– Le monde du luxe entretient également un rapport privilégié avec le passé. Le vrai luxe est immortel : il a toujours existé et existera toujours
11) Pourriez-vous présenter le marché du luxe ?
Trois grands acteurs mondiaux prédominent : LVMH (Luis Vuitton-Moët Hennessy) qui est le leader. RICHEMONT (montres Cartier, DUNHILL et MONTBLANC entre autres) et enfin GUCCI-PPR.
Le marché mondial du luxe est estimé à 150 milliards d’euros environ. La croissance à l’échelle mondiale des revenus sont parmi les plus élevés, l’élargissement des gammes de produits sont les principaux éléments de la dynamisation du secteur du luxe. Depuis plus d’une décennie, le secteur du luxe connaît une croissance extraordinaire. Elle est liée à la densité des flux touristiques, en particuliers des clients d’Asie et d’Arabie.
12) Quels sont les cibles du marché du luxe ?
Les clients du luxe peuvent se répartir dans au moins 3 catégories :
– Les habitués qui représentent un noyau limité de clients qui ont érigé le luxe en art de vivre.
– Les exclus qui par choix ou faute de moyens n’ont pas de relation avec le monde du luxe.
– Les touristes qui sont des clients occasionnels : depuis une quinzaine d’années, cette catégorie de consommateurs est devenue une cible privilégiée pour la grande majorité des grandes marques. Ainsi, l’univers du luxe s’ouvre progressivement à une clientèle de plus en plus vaste.