Benjamin Fabre, de Consultant en stratégie à écrivain
Par Benjamin Fabre-
Publié le : 27/01/2015
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Lecture 4 min
1) Bonjour Benjamin Fabre. Pourriez-vous vous présenter succinctement ?
Bonjour. Après deux ans de classe préparatoire HEC, j’ai intégré l’ESSEC où j’ai reçu une formation généraliste. Si je l’ai appréciée, je me suis toujours senti un peu décalé par rapport au « moule » de l’école de commerce. La vocation artistique était déjà en germe…
J’ai fait mes stages dans de grands groupes, l’un en audit et l’autre en analyse financière. J’ai également été Steward chez Air France, ce qui était un peu plus drôle.
Mon premier job a été à l’Inspection Générale d’une grande banque puis j’ai évolué sur un poste de Consultant en stratégie et management.
Actuellement, je suis écrivain.
2) Comment passe-t-on de Consultant en stratégie à écrivain ? Quelles étaient vos motivations et vos démarches pour vous réorienter ? Etait-ce un choix mûrement réfléchi ?
J’ai toujours été attiré par l’écriture. Déjà à l’ESSEC, j’écrivais.
On peut exercer un métier intéressant et s’y investir tout en étant titillé par quelque chose de plus passionnel (je ne pense pas être seul dans ce cas…). Même si on gagne bien sa vie, qu’on a beaucoup de côtés positifs, on a une petite voix qui nous dit qu’on est destiné à faire autre chose. Et cette petite voix, j’ai décidé de l’écouter.
Avec l’accord de ma hiérarchie, j’ai décidé de quitter le cabinet de conseil pour me consacrer à temps plein à l’écriture. Le processus pour arriver à ce résultat a été relativement long. On pèse le pour et le contre et à la fin, on se rend compte qu’il y a quelque chose de plus fort : celui d’accomplir en quelque sorte, ce à quoi on est destiné. Pour ma part, c’était l’écriture. Mais il y aura peut-être d’autres rebondissements à l’avenir… Rien n’est figé !
3) Quelles ont été vos réalisations en tant qu’écrivain ?
J’ai écrit plusieurs livres comme par exemple Comment devenir un parfait petit fayot au bureau (qui sort au Livre de Poche en avril 2015), des romans et une comédie musicale (avec mon frère) qui a été jouée dans un grand théâtre parisien. Je tiens également une chronique mensuelle dans le magazine Management et sur Cadremploi.fr, dans lesquelles je donne (sur un mode humoristique)… des conseils de management. Comme quoi, les choses se rejoignent !
4) En quoi consiste le métier d’écrivain ?
Avant d’écrire, il faut imaginer un projet de livre, le proposer à des maisons d’édition, puis si on arrive à le leur vendre, le produire. C’est à la fois un travail de création et de commercial car il faut travailler son réseau et sentir ce qui va plaire au public.
Concrètement la journée, on est devant un ordinateur (il n’y a plus beaucoup d’auteurs qui écrivent à la main) et on écrit, corrige et recommence. C’est un travail de fourmi, de titan et de romain… enfin vous avez compris l’idée.
5) Quelles qualités faut-il pour être écrivain ?
Il faut avoir de l’inspiration (sinon c’est compliqué), de la rigueur et surtout un certain regard sur les choses. Une originalité dans la façon de voir le monde. Et puis, il faut quand même une force de travail conséquente car écrire un livre est une longue aventure et il faut être mordu (et un peu cinglé) pour aller jusqu’au bout du concept.
6) Existe-t-il des formations pour devenir écrivain ? Si oui, lesquelles ?
Je suis un auteur autodidacte. J’ai appris l’écriture en écrivant, et je ne suis pas sûr qu’il existe beaucoup d’autres manières de le faire. Même si je dois sûrement, quelque part, aux profs qui m’ont appris à articuler des idées, à faire des dissertations… Et aussi à mon grand frère, qui a longtemps été mon seul relecteur… En tout cas, celui qui avait le plus de valeur ajoutée ! C’est important d’avoir un œil extérieur pour vous relire, sinon vous pouvez patiner des mois sans même vous en rendre compte… et ancrer de mauvaises habitudes car seul, on n’a pas le recul suffisant.
Je sais qu’il existe des ateliers pour apprendre à écrire. Je ne les ai pas testés donc je ne peux rien en dire.
Et puis ensuite, il y a eu la rencontre avec mon éditrice (de littérature). Elle est arrivée à un moment où je me croyais mûr dans mon apprentissage, mais elle continue à me faire progresser et ce n’est pas terminé… Les marges d’amélioration sont énormes dans l’écriture, sur la technique et aussi sur le plan personnel : lâcher ses émotions, aller plus à l’essentiel, etc. Une vraie aventure sur laquelle je suis accompagné, en plus de mon éditrice, par une coach.
7) Quelle rémunération peut-on espérer en tant qu’écrivain ? Y a-t-il un fixe ?
L’écrivain est rémunéré en droits d’auteur. Il perçoit en moyenne 10-12 % des ventes HT de ses livres. Dans la plupart des cas, il touche un minimum garanti qu’on appelle un « à-valoir ». C’est un métier qui peut rapporter gros si on sort un best-seller, mais disons qu’il n’est pas très raisonnable de s’y lancer avec l’argent comme motivation première… C’est un métier de passion. Le pourcentage de gens qui vivent exclusivement de l’écriture est faible. C’est une donnée à prendre en compte 😉
8) Quels conseils donneriez-vous à ceux qui souhaitent changer radicalement de carrière mais qui n’osent pas ?
Déjà, il ne faut pas rester dans le rêve, mais voir rapidement s’il résiste à l’épreuve de l’action. Il faut aussi impérativement parler avec 5/6 personnes qui exercent le métier que vous visez et qui vous donneront leur ressenti (je dis 5/6 parce qu’1 ou 2, ça peut donner des visions complètement biaisées). Il ne faut pas hésiter à frapper à la porte des gens. Ils adorent parler de leur métier (d’eux, en fait).
Et puis accessoirement, il faut un peu de talent pour l’activité qu’on choisit mais là-dessus, on est vite fixé.
9) Avec du recul, y a-t-il des choses que vous feriez différemment ?
Honnêtement, je ne sais pas, c’est encore trop tôt pour le dire. Je ne suis pas encore un vieil écrivain (j’ai 35 ans) ! Malgré tout, mon instinct me dit que je ferais pareil car mon parcours a une certaine logique. Ma formation, notamment la prépa, me sert car j’ai pu acquérir des méthodes et surtout une exigence transposables à mon métier actuel.
10) Quels conseils donneriez-vous aux étudiants qui souhaiteraient devenir écrivain ?
D’aller consulter !
11) Pensez-vous qu’après cette expérience il soit possible de revenir travailler en entreprise ? Si oui, ce genre d’expérience est-elle valorisante auprès des recruteurs ?
Bien sûr que c’est possible. Personnellement, je reste en contact avec le monde de l’entreprise, notamment par mon activité de chroniqueur. Et puis, je mets ma plume au service de certaines entreprises. Pour ce qui est du regard des employeurs sur les parcours « atypiques », je pense que ça dépend des profils et des activités… Mais globalement, ils sont plus ouverts qu’avant et plébiscitent de plus en plus l’audace et la créativité.
12) Merci de votre interview. Je vous laisse le mot de la fin.
Même si mes expériences sont diversifiées, elles se rejoignent car elles ont un fil conducteur ; c’est un cercle vertueux où se créent des synergies. C’est pas corporate, ça, comme conclusion ?
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