Claire Chouraqui, entrepreneuse dans l’ESS
Par Claire Chouraqui-
Publié le : 28/11/2022
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Lecture 4 min
" C’est tout le problème aujourd’hui : l’intérêt économique prime sur l’intérêt écologique "
1) Bonjour Claire. Pourrais-tu commencer par te présenter succinctement ?
Bonjour. Je m’appelle Claire Chouraqui, j’ai 31 ans. Je dirige une entreprise, DreamAct, qui vise à démocratiser la consommation responsable.
2) Après le BAC, comment t’es-tu orientée ?
Lors des choix d’orientation au BAC, je ne savais pas trop quoi faire ni où aller donc je me suis inscrite un peu partout : Fac, IUT, BTS, prépa.
Finalement, mon professeur d’économie de Terminal a conseillé à mes parents que j’aille en prépa HEC. C’est donc ce que j’ai fait sans trop de conviction au début. Ça s’est révélé un excellent choix puisque je suis allé au bout des 2 ans et j’ai intégré par la suite Neoma Business School.
3) Pourquoi avoir choisi de faire une licence de philosophie en école de commerce ?
Je m’ennuyais un peu en école, les matières de prépa me manquaient. Lorsqu’en 2ème année j’ai appris qu’on pouvait faire une licence de philosophie en parallèle à Neoma, j’ai sauté sur l’occasion. Au passage pour l’anecdote, c’est là-bas que j’ai rencontré ma future associée pour DreamAct, Diane Scemama.
4) Que s’est-il ensuite passé ?
J’ai pas mal voyagé en école de commerce : j’ai fait des stages au Pérou, en Israël et à Paris dans différents secteurs (associatifs, immobilier, ESS…). J’ai également fait un échange universitaire en Inde au Xavier Institute of Management.
En 3ème année, je me suis mise en colocation avec Diane. On s’est aperçue toutes les 2 qu’on avait besoin d’un boulot qui ait du sens.
Un jour en soirée, on a blagué et on s’est dit qu’on allait faire des soutiens-gorge avec des imprimantes 3D. Le lendemain, on s’est dit que ce n’était peut-être pas si bête que ça. On a donc passé 3-4 mois à fabriquer des vêtements. On s’est alors aperçu qu’il y avait 2 options : soit on fabriquait en France et ça devenait du luxe, soit on fabriquait à l’autre bout du monde. Ce n’était pas tant la fabrication des soutiens-gorge qui nous plaisait mais plutôt la fabrication responsable et éthique de vêtements.
A la fin de l’école, on a donc créé un petit blog de consommation responsable. Ça marchait pas mal du tout, on avait des lecteurs. Comme Diane et moi, on travaillait bien ensemble, on a décidé de poursuivre l’aventure.
5) Peux-tu nous parler des débuts de DreamAct ?
Les 2 premières années n’ont pas été sans galère : on ne connaissait rien du web, on n’avait pas notre business model. On a pas mal pivoté. Au bout d’un moment, on s’est dit qu’il fallait qu’on crée une marketplace. On a payé un développeur pour qu’il crée notre site internet, on a élaboré notre panel de marques, fait une levée de fonds auprès de citoyens et d’un fond d’investissement spécialisé dans notre secteur, développé une activité B2B dédiée aux green goodies… C’est comme ça que DreamAct est né en 2015.
6) Peux-tu nous parler de DreamAct actuellement ?
DreamAct, c’est une marketplace pour acheter des produits responsables. On dispose d’un catalogue de 1200 marques sélectionnées par un processus rigoureux et qui est scruté par un Comité d’experts indépendants. Côté B2C, on vend des produits dans tous les secteurs sauf l’alimentaire. Côté B2B, on vend des goodies pour entreprises.
7) A quel point éthique et business sont-ils compatibles ?
Si on regarde les Business Plans, il vaut mieux ne pas être éthique. C’est tout le problème aujourd’hui : l’intérêt économique prime sur l’intérêt écologique. On en était consciente quand on a cofondé DreamAct et c’est pour cette raison qu’on s’est fixé dès le début des garde-fous. On est agrémenté ESUS (ie : Entreprise solidaire d’utilité sociale) et cela nous oblige à respecter des règles strictes : on fait participer les salariés aux décisions de l’entreprise, il y a une différence d’écart entre le salaire le plus faible et le plus élevé à ne pas dépasser, etc. Cet agrément est moins connu que B-Corp mais il est tout autant voire plus contraignant pour les entreprises car il nous limite dans les marges qu’il nous est possible de faire. Ça a été notre choix dès le début.
8) L’éthique semble devenir de plus en plus un business à part entière. Qu’en penses-tu ?
Oui en effet, c’est pour cette raison que des grands groupes se positionnent sur ce secteur : c’est une façon de vendre plus cher. A l’époque quand on a créé DreamAct, on nous voyait comme des baba-cool. Aujourd’hui, le consommateur est plus alerte sur les enjeux éthiques et environnementaux. Pour autant, je ne sais pas si notre génération est plus écolo car elle voyage et consomme plus.
9) Quels conseils donnerais-tu aux jeunes entrepreneurs en herbe souhaitant se lancer dans l’ESS ?
L’un des points les plus importants à mes yeux est d’être bien entouré. Il faut bien choisir et réfléchir avec qui on va se lancer, que ce soit seul.e ou avec un mentor et/ou co-fondateur/trice.
10) Merci Claire pour tes réponses. Je te laisse le mot de la fin.
Même quand je galérais à la sortie d’école et que j’étais au RSA, j’avais du plaisir à faire ce que je faisais. J’aime ce que je fais, je n’ai pas de regret !
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Ndlr : retrouvez la marketplace de Claire sur DreamAct
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