Marie Gayot, ancienne championne d’athlétisme
Par Marie Gayot-
Publié le : 30/07/2019
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Lecture 4 min
" Il y a 2 mots à ne pas séparer : la performance et la passion car ils vont de pair "
A) PARCOURS SPORTIF
1) Bonjour Marie ! Pourrais-tu commencer par te présenter en quelques mots ?
Bonjour, je m’appelle Marie Gayot, j’ai 29 ans. J’ai fait 12 ans de sport de haut niveau en athlétisme et en parallèle, j’ai également suivi un master en urbanisme et un cursus d’ingénieur à l’Université Technologique de Compiègne (UTC).
2) Comment t’est venue la passion pour l’athlétisme ?
Au collège, les professeurs de sport repèrent les enfants qui ont des qualités et les orientent vers des clubs. C’est ce qui s’est passé pour moi. Etant introverti de base, le sport m’a permis de m’affirmer et d’explorer des pans de ma personnalité. Le sport a donc été pour moi un défouloir et un moyen d’émancipation.
3) Comment es-tu passée du sport loisir au sport professionnel ? Y a-t-il eu un déclic en particulier ?
L’adage dit que la performance amène la performance. Ca m’a donc incité à continuer, d’autant que j’adorais l’entraînement et les émotions que ça me procurait. J’ai pratiqué l’athlétisme pendant des années sans me rendre vraiment compte que le temps passait, car je m’adonnais pleinement à ma passion.
Paradoxalement, ce n’était pas la performance que je recherchais mais plutôt tout le travail invisible en amont pour se préparer et se dépasser : qu’il vente ou qu’il neige, j’allais à l’entraînement car j’aimais ça. En fin de compte, la compétition n’est jamais que la suite logique des entraînements. Lors d’une compétition, on ne fait « que » dérouler ce qu’on a appris et travaillé.
4) Que retiens-tu de ta carrière en tant qu’athlète olympique ?
Ca m’a révélé ma personnalité, comme mon côté parfois un peu casse-cou ou encore mon envie insatiable de repousser mes limites. Le sport m’a permis de canaliser toute mon énergie et de travailler ma différence : ça a été, pour moi, l’école de la vie. Ca m’a également aidé pour me construire en tant que femme.
5) De manière générale, quelle est l’ambiance dans l’univers du sport de compétition ?
C’est un univers qui est avant tout composé de passionnés. Le milieu du sport est composé d’un bon nombre de bénévoles. Sans eux, on ne pourrait pas faire de l’athlétisme comme j’ai eu la chance d’en faire. L’univers du sport, c’est aussi beaucoup de débrouillardise, de partage et d’émotions. Par exemple, dans mon premier club, un bénévole de 90 ans m’offrait chaque année un trophée pour me féliciter de mes performances. C’était une atmosphère familiale à laquelle j’ai adhéré dès ma première année d’athlétisme. Par la suite, en améliorant leur niveau, certains sportifs restent en club alors que d’autres choisissent de rejoindre un pôle (régional, national). Pour ma part j’ai opté pour rester dans un groupe de club avec des athlètes de tous niveaux. Cela s’adaptait également mieux avec mes études.
6) Quels conseils donnerais-tu à celles et ceux souhaitant devenir sportif professionnel ?
Il y a 2 mots à ne pas séparer : la performance et la passion car ils vont de pair. Il faut aller au bout de sa passion tout en restant réaliste car on n’est jamais à l’abri d’une contre-performance ou d’une blessure. Ensuite, pour ne pas s’oublier et rester soi-même, il faut d’abord faire ses choix pour soi, puis partager sa passion avec les autres. Par ailleurs, il est également très important de ne pas négliger les études. Enfin, il ne faut pas hésiter à oser, car si on ne le fait pas, personne ne le fera à notre place !
7) Justement, en parlant des études, comment t’es-tu organisée pour être à la fois sur le front scolaire et le front sportif ?
J’ai bénéficié d’un cadre propice : ma famille, dont mes parents, m’ont toujours soutenu, quel que soient mes choix. Ca m’a beaucoup aidé, surtout pendant les coups durs, parce que ça m’a donné confiance en moi. Ensuite, j’ai rencontré des personnes fantastiques qui ont également cru en moi. Pour n’en citer que quelques-uns, je pense à mes sponsors ou encore à mes professeurs qui ont accepté mon double projet pour concilier le sport et les études.
Pour résumer, ce sont la famille et les amis, l’écosystème flexible et le partage d’une ambition et d’un rêve commun qui m’ont aidé à vivre pleinement ma passion sans avoir à sacrifier mes études. Les mots-clés sont l’adaptabilité, la communication et le rêve 🙂
B) PARCOURS PROFESSIONNEL
8) Après ta carrière sportive, tu as travaillé dans le Conseil. De manière générale, une carrière d’athlète de haut niveau est-elle valorisante auprès des employeurs ?
Il y a 2 cas de figure : certains veulent principalement bénéficier de l’image qu’ont les athlètes de haut niveau car ils ont représenté la France, tandis que d’autres proposent des cursus de formation ou d’adaptation de l’emploi du temps. De plus en plus d’entreprises reconnaissent les qualités acquises grâce au sport. Par exemple, le sport permet d’apprendre à bien gérer son stress, à tenir des objectifs clairement définis ou encore à faire face aux déconvenues. Pour autant, être un athlète de haut niveau ne suffit pas : si le sport participe à l’acquisition de « soft skills », il est primordial d’avoir des compétences « techniques », c’est pourquoi il ne faut pas abandonner les études, aussi bon soit on dans un sport. Les sportifs de haut niveau qui ont en plus fait des études en parallèle démontrent leur détermination et leur grande capacité de travail. Enfin, les entreprises accueillent de plus en plus de profils atypiques, car ils sont en général révélateurs d’une certaine personnalité, ce qui permet de varier les points de vue et de croiser différents univers.
9) Etant donné ton parcours, pourquoi ne pas avoir choisi de travailler dans l’univers du sport ?
J’ai choisi de mener mes études en parallèle pour pouvoir m’ouvrir à d’autres secteurs d’activités. Le sport reste pour moi un loisir, un moyen de me dépasser et de me fixer des objectifs sans aucune contrainte professionnelle. Les valeurs du sport sont omniprésentes dans mon quotidien mais pour l’instant je souhaite continuer à explorer d’autres univers.
10) Merci de tes réponses. Je te laisse le mot de la fin.
Tout va très vite dans notre société à tel point qu’on en oublie souvent que le seul moment où nous pouvons agir c’est l’instant présent. Il faut savoir profiter de chaque moment, savourer les petites réussites, apprendre à être fier de soi et surtout être bien avec soi-même. C’est la clé pour s’ouvrir aux autres et vivre sans regret. Car au final ce qu’on retient le plus c’est l’Humain : les émotions et les expériences vécues la plupart du temps avec autrui. Je me rappelle l’assiduité de mes coachs toute l’année à nous préparer avec précision et passion, la joie de mon kiné quand j’ai eu ma première médaille internationale ou encore la fierté dans les yeux de mes proches. Derrière chaque projet, il y a toujours une équipe et c’est cela qui rend le parcours et la victoire encore plus belle ! Alors entourez-vous bien, travaillez et rêvez ensemble !
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