Pierre Gévart, du CAP à l’ENA
Par Pierre Gévart-
Publié le : 12/11/2015
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Lecture 2 min
Il ne faut pas se poser soi-même des barrières psychologiques. Ce n’est pas parce qu’on ne vient pas de Sciences Po qu’on ne peut pas faire l’ENA.
1) Bonjour. Pourriez-vous vous présenter succinctement ?
Bonjour, je m’appelle Pierre Gévart. J’ai une formation un peu complexe: après un CAP en dessin industriel, j’ai obtenu l’agrégation de sciences naturelles puis je suis entré à l’ENA. J’ai occupé divers postes dont sous-préfet et suis actuellement Chef de projet à la ville de Paris.
2) Comment avez-vous structuré le début de vos études ?
Au lycée, j’ai obtenu un CAP de dessinateur en construction mécanique, avec option Dessin industriel. Ensuite, je me suis tourné vers les sciences naturelles en obtenant une maîtrise puis l’Agrégation. J’ai ensuite enseigné pendant plusieurs années.
3) Vous avez préparé seul l’Agrégation. Comment vous y êtes-vous pris ?
Lorsque j’enseignais, je préparais mes cours avec beaucoup de sérieux. Je m’informais bien sur les sujets notamment en lisant des revues spécialisées de haut niveau. Ça m’a permis de préparer en même temps l’Agrégation.
4) Pensez-vous qu’il vaille mieux se former seul ou suivre une formation ?
Il est préférable de suivre une formation. Cependant, ça ne veut pas dire que si on n’en suit pas une, on ne peut pas réussir le concours !
5) En milieu de carrière, vous avez ensuite intégré l’ENA. Comment vous y êtes-vous préparé ?
J’ai suivi un cycle préparatoire pour intégrer l’ENA, accessible aux personnes disposant d’au moins 4 ans d’expériences professionnelles dans la fonction publique. C’est une formation où on est rémunéré donc j’ai pu m’y consacrer à temps plein.
6) Y a-t-il un point commun entre toutes vos formations ?
Non, pas vraiment, à part les méthodes de travail acquises. La culture scientifique est utile mais à l’ENA, il est préférable d’avoir une culture solide en sciences politiques.
7) Votre parcours est-il atypique ?
Oui clairement mais je ne suis pas une exception car il y a une grande diversité de profils dans la fonction publique. Par exemple, au cours de ma carrière, j’ai même rencontré un autre énarque qui avait lui aussi l’agrégation de sciences naturelles.
Il m’est arrivé d’être en position de recruteur : j’apprécie assez les candidats qui ont une vraie curiosité intellectuelle et un profil atypique car cela montre qu’ils savent s’adapter rapidement à un nouvel environnement. Mais ce ne sont pas les seuls !
8) Qu’est-ce qui vous a poussé à suivre ces formations ?
Principalement la curiosité intellectuelle et le goût du challenge.
9) En France, certaines personnes préfèrent les profils « lisses » pour pouvoir les mettre dans des cases… Pensez-vous que votre profil atypique, aussi brillant soit-il, puisse être un frein pour certains postes ?
En effet ça peut être un frein car les profils atypiques suscitent souvent l’incompréhension. On va par exemple croire que si on change de métier, c’est parce qu’on n’y est pas heureux. C’est faux : on a juste parfois envie d’assouvir une nouvelle curiosité intellectuelle.
10) Quels conseils donneriez-vous aux étudiants pour s’orienter ?
Il ne faut pas se poser soi-même des barrières psychologiques. Ce n’est pas parce qu’on ne vient pas de Sciences Po qu’on ne peut pas faire l’ENA. Il ne faut pas se sous-estimer non plus.
11) Pensez-vous qu’en 2015, l’ascenseur social fonctionne toujours ?
Il peut fonctionner à condition qu’on s’y mette à fond ! Mais il s’essouffle un peu.
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