Vincent Desportes, Général de l’armée de terre
Par Vincent Desportes-
Publié le : 13/03/2018
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Lecture 4 min
L’armée est une machine à « faire grandir » : on y gagne beaucoup en termes de compétences, d’expériences et de maturité.
1) Bonjour Général. Pourriez-vous vous présenter succinctement ?
Bonjour. Après avoir effectué une classe préparatoire scientifique, j’ai été reçu à l’école spéciale militaire Saint-Cyr. J’ai ensuite eu une carrière longue dans l’armée, puisque j’y suis resté pendant 38 ans. J’ai occupé différents postes avec des grades différents dans des affectations multiples.
2) Est-ce commun de faire une carrière aussi longue dans l’armée ?
L’armée est un secteur où on peut faire carrière si on le souhaite car elle fonctionne par la méritocratie, c’est-à-dire que l’ascenseur social y fonctionne très bien. Par ailleurs, l’armée est une machine à « faire grandir » : on y gagne beaucoup en termes de compétences, d’expériences et de maturité. Dans l’armée on passe une grande partie de son temps à éduquer ou à être éduqué.
3) Vous avez de nombreux diplômes : outre Saint-Cyr, vous êtes également docteur en histoire, titulaire d’un DEA de sociologie, un DESS en administration des entreprises. La liste n’est pas exhaustive. Qu’est-ce qui vous a poussé à faire autant d’années d’études ? Est-ce un parcours classique dans l’armée ?
Ce n’est pas un parcours classique. J’ai suivi ces formations plus par passion que par obligation. J’ai toujours été très intéressé par l’histoire, et j’ai également un vif intérêt pour la sociologie. Le militaire se cultive par nécessité : sinon, comment pourrait-il tenir sa place dans le monde complexe dans lequel il doit agir au service de la France.
4) Vous avez, durant votre carrière, alterné entre affectations en unités de combat, Etats-Majors et diverses activités opérationnelles. Pourriez-vous nous en dire plus ?
L’un des avantages liés aux postes dans l’armée est qu’on est régulièrement amené à changer de métiers, qu’ils soient sur le terrain ou non. De plus, on voyage régulièrement aux quatre coins du monde. Par exemple, pour ma part, j’ai vécu 15 ans à l’étranger (10 en Allemagne et 5 aux Etats-Unis), sans compter les séjours opérationnels. Cela permet, entre autres, de rencontrer beaucoup de personnes avec des cultures très différentes.
5) Comment se passe la transition entre les activités en unité de combat et celles au sein de l’Etat-Major ? N’est-ce pas trop difficile de s’y adapter ?
Le militaire, par définition, est quelqu’un qui sait s’adapter et délivrer des résultats. Ainsi n’a-t-il aucun problème pour changer d’environnement. Qui plus est, l’armée est un secteur où on partage un socle très solide de valeurs communes, dont un très fort esprit de solidarité. Les liens qu’on se fait avec d’autres militaires sont très profonds.
6) Vous donnez des conférences internationales et êtes également professeur en stratégie à Sciences Po Paris et à HEC. Quelles ont été vos motivations pour devenir professeur ?
Beaucoup d’anciens militaires enseignent et le font bien. Un militaire passe un tiers de sa vie à former, un autre à être formé ce qui lui permet d’être toujours proche des systèmes de formation. A cela s’ajoute le fait qu’il dispose d’une grande expérience en stratégie car il a appris à évoluer dans un environnement instable et incertain, tout en continuant à remplir les objectifs qui lui ont été fixés.
Pour ma part, on m’a proposé d’enseigner : c’était donc pour moi l’opportunité de transmettre mon savoir et mon expérience aux nouvelles générations.
7) Pensez-vous qu’il y aura, dans les années à venir, de forts besoins de recrutement dans l’armée ?
L’armée continuera à beaucoup recruter. L’armée française est le 1er recruteur de France et offre un large panel de métiers : aviateurs, parachutistes, cuisiniers, soutien logistique, renseignement… le choix ne manque pas.
8) Quel profil faut-il pour rentrer dans l’armée ?
Il n’y a pas de pré-requis car tout s’apprend : l’armée dispense des formations de qualité et permet d’acquérir un véritable savoir-être. On attendra d’un militaire qu’il ait l’esprit d’initiative et sache innover pour sortir des situations de crise auxquelles il peut être confronté au cours de ses missions.
Il est préférable, quand on rentre dans l’armée, d’aimer la vie en groupe car l’armée est avant tout une aventure collective où on parie plus sur les qualités humaines que sur les seules compétences.
9) Quelles sont les reconversions possibles après une carrière dans l’armée ?
Tous les anciens militaires, sans exception, retrouvent un métier après une carrière dans l’armée. D’une part parce que l’armée les aide à se préparer au retour à la vie civile et d’autre part, parce que les militaires ont développé, au cours de leurs missions, des compétences et un savoir-être (management, valeurs humaines…) qui leur sera utile par la suite, quel que soit le poste qu’ils occuperont plus tard.
10) Y a-t-il des inconvénients à travailler dans l’armée ? Si oui, quels sont-ils ?
Il faut être disponible et mobile car on ne choisit pas forcément toutes les missions sur lesquelles on va être positionné.
11) Y a-t-il beaucoup de femmes dans l’armée ?
L’armée française est l’une des premières armées en termes de féminisation. S’il y a des métiers qui sont plus difficiles d’accès pour les femmes que pour les hommes, il n’en demeure pas moins qu’elles excellent dans d’autres domaines comme le renseignement, la communication, la logistique… Les femmes ont toute leur place dans l’armée.
12) Merci de vos réponses. Je vous laisse le mot de la fin.
L’armée est une aventure humaine où le militaire apprend, en plus d’un métier, à se dépasser car il est au service d’une cause supérieure à lui : la défense de la nation. Un soldat agit avec son esprit, son cœur mais aussi ses tripes.
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