William, co-fondateur de Neosquat
Par William-
Publié le : 16/08/2013
-
Lecture 5 min
Si vous voulez vraiment créer votre entreprise, faites-le et ne vous dites pas à l'avance que c'est trop compliqué.
1) Bonjour William. Pourriez-vous commencer par vous présenter ?
Bonjour. Après 2 ans de classe préparatoire, j’ai intégré SKEMA Business School. Je suis maintenant jeune diplômé.
Je travaille avec mon associé Quentin que j’ai rencontré à SKEMA. Nous étions ensemble à la Junior Entreprise de l’école. Nous avons tous les deux fait des stages chez UbiFrance, moi à Londres, lui à Chicago.
J’ai ensuite travaillé chez PSA pour ma dernière année d’école, puis avec mon associé, nous avons décidé de lancer notre entreprise.
2) Vous avez donc lancé votre entreprise en étant toujours étudiant ?
Oui. Nous avons fait tout le travail préalable pour créer l’entreprise (études de marché, business model, …) alors que nous étions encore étudiant. Nous avons créé NeoSquat en janvier 2013 et l’activité réelle a débuté en mars 2013.
3) Pourriez-vous présenter votre projet ?
Se loger à Paris est très compliqué d’abord parce qu’il n’y a pas beaucoup de logements et ensuite parce que les loyers sont extrêmement chers. En réalité, il est plus facile de se loger dans un appartement vide qu’un appartement meublé tout simplement parce qu’il y a plus d’appartements vides à disposition à Paris.
L’idée de NeoSquat.com est donc d’aider les étudiants à s’installer dans leur appartement vide en leur louant des meubles. Ils ne s’embêtent donc pas avec tous les soucis liés à la logistique et le prix d’un appartement tout équipé avec NeoSquat coûte moins cher que prendre un appartement déjà tout équipé.
Nous avons actuellement 40 clients pour plus de 300 produits livrés, notre page Facebook comptabilise plus de 800 likes et nous avons déjà plusieurs partenariats avec des écoles.
4) Quelles ont été les raisons qui vous ont poussé à créer votre entreprise ? Faut-il avoir « l’idée du siècle » pour se lancer ?
Non, il n’y a pas besoin d’avoir l’idée du siècle. Chaque année, 300 000 entreprises se créent et toutes n’ont pas l’idée du siècle. L’idée c’est 20 ou 30% de l’entreprise. Après, tout dépend de la manière de la mettre en œuvre, comment on pérennise l’activité.
Quentin et moi avons monté notre entreprise car c’est une aventure fabuleuse et le faire à la sortie de l’école était pour nous le bon moment.
5) Ne vaut-il mieux pas essayer d’acquérir plus d’expérience puis de créer son entreprise plutôt que de se lancer dans l’aventure directement en tant que Jeune Diplômé ?
C’est un point de vue personnel : à quel moment on considère qu’on a suffisamment d’expérience pour créer son entreprise ?
Créer son entreprise est une vaste activité car on doit toucher à tout. On n’aura jamais toute l’expérience requise pour créer son entreprise.
La seule vraie expérience est de faire les choses, donc à notre sens, le mieux, c’est de se lancer !
6) Depuis quand pensiez-vous créer votre entreprise ? Aviez-vous déjà de l’expérience dans la création d’entreprise?
Ca a été un processus long et un projet mûrement réfléchi. On voulait la monter dès la première ou deuxième année d’école de commerce. Donc 2 ans avant de la monter réellement. Entre temps, l’idée a fait son chemin, et on a décidé de se lancer.
Non, on n’avait aucune expérience préalable avant. Mais à la JE (ndlr : Junior Entreprise), on a eu l’occasion de travailler avec beaucoup d’entrepreneurs notamment en les aidant à construire leur business plan. On avait donc un petit pied dans le monde de l’entrepreneuriat, il ne restait plus qu’à y aller nous aussi.
7) N’est-il pas stressant de se lancer dans l’entrepreneuriat ? Avez-vous eu des soutiens ?
C’est très stressant mais on ne peut pas se permettre de le dire car tout le monde nous pose la question. C’est à toi qu’il revient de prendre les décisions, c’est ton argent qui est en jeu. Stresser n’apporte pas grand-chose. Il faut rester calme et savoir travailler convenablement.
Nous avons surtout eu des soutiens familiaux. Nous avons également eu recours à l’incubateur de SKEMA, mais pas encore aux Business Angels.
Nous avons appris beaucoup par nous-mêmes. Nous nous sommes renseignés sur Internet, on a lu les blogs d’entrepreneurs, pris part à des forums de discussions.
8) Avez-vous levé des fonds pour développer l’activité ? Si oui, comment avez-vous procédé ?
Pas encore. Mais c’est une question qu’on se pose.
9) Au vue de votre expérience, est-il compliqué de se lancer dans la création d’entreprise en France ?
Bonne question. Dans certains pays, c’est sûr que c’est plus compliqué car en France la création d’entreprise est très encadrée. Par contre cela coûte de l’argent : il y a notamment toutes les charges sociales et juridiques à prendre en compte.
Après, ce n’est pas compliqué mais c’est très long, très rébarbatif et très administratif.
En fin de compte, c’est beaucoup de travail mais il n’y a pas de tâche insurmontable.
10) Comment se déroule la journée typique d’un chef d’entreprise ?
Comme quelqu’un qui travaille dans son bureau sauf que pour le chef d’entreprise, il n’existe plus vraiment de différence entre vie privée et vie professionnelle. En dehors du bureau, l’employé est chez lui. Pas pour le chef d’entreprise. Quand tu te réveilles le matin, tu regardes tes emails en déjeunant et tu te couches en réfléchissant sur ce que tu vas faire le lendemain pour améliorer l’entreprise.
Les tâches du chef d’entreprise sont diverses et variées. Tu touches à tout : finance, marketing, commerce … et tu n’as pas le choix car personne ne le fera pour toi si tu ne le fais pas. Et c’est vraiment passionnant !
En fin de compte, le chef d’entreprise est toujours au travail mais c’est dans la joie et la bonne humeur !
11) Aviez-vous pensé à créer NeoSquat avec d’autres partenaires ?
Au départ, on était tous les deux et ça nous allait. Nous nous sommes posés la question d’inclure plus de gens dans le projet (nous sommes d’ailleurs plusieurs associés). La première fois qu’on crée son entreprise, c’est mieux d’être accompagné. Mais il faut être sûr de très bien s’entendre avec la personne, de savoir qu’en plus d’être amis, on peut travailler efficacement ensemble. Il faut vraiment bien choisir ses associés car l’enjeu est fort.
Avec plus d’expérience, on peut se lancer seul dans la création d’entreprise.
12) Quels sont les avantages et inconvénients de créer son entreprise ?
Avantages : liberté totale de mouvement, on peut prendre toutes les décisions soi-même, il n’y a pas de supérieur. C’est le plus grand avantage.
Le deuxième, c’est qu’on apprend énormément de choses car on est obligé de tout faire par soi-même. On touche également à beaucoup de sujets différents qu’on ne pensait pas apprécier avant de l’avoir fait.
Inconvénients : il est d’abord financier car tant que l’entreprise tourne à bas ou moyen régime, on n’a pas la même sécurité financière dans la vie que ceux qui travaillent en CDI.
Le deuxième inconvénient est que l’entreprise devient un hobby ce qui fait qu’on a du mal à prendre du recul et à avoir du temps libre qui ne soit pas consacré à l’entreprise.
13) Quels conseils donneriez-vous aux étudiants voulant créer leur entreprise ?
Il ne faut pas penser à tout ce qui fait que le projet ne marchera pas. Il faut bien réfléchir, bien définir son projet et le mettre à plat. On se rendra alors compte que souvent, tout ce qu’on pensait être une barrière ne l’est en fait pas nécessairement.
Si vous voulez vraiment créer votre entreprise, faites-le et ne vous dites pas à l’avance que c’est trop compliqué. Faites-le à fond car c’est une expérience qui vaut le coup.
14) Merci pour votre témoignage. Je vous laisse le mot de la fin.
Merci pour le temps accordé. Je souhaite bonne chance à tous ceux qui veulent se lancer dans l’entrepreneuriat ou dans n’importe quelle autre aventure.
Dernier conseil : il ne faut pas se bloquer à un seul domaine sous prétexte qu’on a que de l’expérience dedans : ce n’est pas par exemple parce qu’on a de l’expérience en finance qu’il faut lancer son entreprise dans ce secteur. Il faut s’ouvrir à d’autres milieux !
Inspirez vos ami-es en leur partageant ce parcours :
Laissez-vous inspirer par ...
Laurent Cervoni, Directeur IA chez Talan au parcours protéiforme
Par Laurent Cervoni
Chloé, blogueuse en freelance
Par Chloé
Gonzague de Blignières, fondateur de Barclays Private Equity
Par Gonzague de Blignières
Loïc Gourgand, entrepreneur et co-fondateur de Sodezign
Par Loïc Gourgand