Devenir Transporteur d’organes : déroulé d’une course pour la greffe d’un cœur (p3)
Par Hervé-
Publié le : 06/12/2023
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Lecture 6 min
" Le coeur étant le plus urgent, les trajets doivent se faire en un temps record (on ne le dira jamais assez mais toujours de manière prudente). "
Dans cette troisième partie, nous vous faisons vivre de l’intérieur le transport d’un cœur pour vous montrer pas à pas comment concrètement la course d’un transporteur d’organes se déroule.
Si vous n’avez pas lu les 2 premières parties, nous vous invitons à le faire pour que vous puissiez tout comprendre du métier :
1. Le témoignage de Carole, Responsable transports d’organes
2. L’interview d’Hakim, Transporteur d’organes
3. Déroulé d’une course pour la greffe d’un cœur
3ème partie : Transporteur d’organes, déroulé d’une course pour la greffe d’un cœur
Vers 6h du matin : Hakim a été appelé dans le cadre d’une greffe de cœur. Sa mission : prendre en charge une équipe médicale composée de 2 chirurgiens basés à Paris pour les emmener à l’aéroport du Bourget.
Une fois là-bas, les 2 chirurgiens vont prendre un jet privé qui va les emmener dans une ville en province (à 1h de vol environ) afin qu’ils prélèvent le cœur du défunt.
Passée l’extraction, ils vont reprendre le jet privé pour revenir à Paris et participer à la greffe du cœur, le tout en moins de 4h.
Pour rappel, un cœur qui a été prélevé doit être greffé dans les 3 ou 4h suivantes au maximum. Pour un foi, il ne faut pas dépasser 6h, un poumon, 8h et un rein, 36h. Ce sont des délais moyens qui dépendent de l’état de l’organe.
Vers 16h, après avoir fait plusieurs autres courses pendant la journée, Hakim, basé dans le centre de Paris près d’un hôpital, reçoit l’appel d’un régulateur : le jet privé des deux 2 chirurgiens qu’il a emmené le matin même va atterrir d’ici 1h au Bourget. Il doit se rendre à l’aéroport pour les récupérer et les conduire à l’hôpital où se fera la greffe. C’est à partir de ce moment-là que l’urgence débute car le cœur a été prélevé. Il s’agit donc de le greffer le plus rapidement possible. En d’autres termes : chaque minute compte.
La voiture d’Hakim allumée de ses gyrophares
Le véhicule d’Hakim est équipé d’une rampe lumineuse,
de feux de pénétration et de sirènes 3 tons
En parallèle, le régulateur appelle l’escorte policière pour qu’ils se rendent également au Bourget.
Hakim, étant en situation d’urgence, allume les gyrophares. Durée du trajet, de Paris centre à l’aéroport du Bourget : moins de 30 min (tout en roulant prudemment comme nous l’avons déjà indiqué dans les parties précédentes).
Photo de l’aéroport du Bourget où les jets privés atterrissent
Vers 16h30 : Hakim rejoint les 2 policiers en moto qui vont l’escorter. Les policiers discutent et planifient le meilleur trajet, sachant qu’il pleuvait ce jour-là, qu’il fallait conduire en urgence pendant les heures de pointe, en plein Paris, et au mieux éviter les bouchons.
La moto de l’escorte policière
Vers 17h : le jet privé atterrit. Hakim récupère alors les 2 chirurgiens (un homme et une femme d’une trentaine d’années) pour les emmener dans un hôpital à Paris.
Nous ne précisons volontairement pas lequel car Hakim est soumis au secret professionnel : il ne faut pas que la famille du défunt dont l’organe a été prélevé puisse être identifiée par la personne qui recevra la greffe (tout est très réglementé en France).
Pour s’en assurer, tout est anonymisé : par exemple, le patient reçoit un numéro dénommé « Crystal » pour ne pas être appelé par son nom.
C’est dans le coffre qu’Hakim chargera la glacière transportant le cœur
Sur le chemin pour aller à l’hôpital, les 2 policiers nous escortent. L’un ouvre la voie tandis que l’autre la sécurise.
Les policiers en moto ouvrent la voie pour que notre véhicule puisse passer, même dans un tunnel bouché
- NDLR 1 : si vous êtes en voiture sur la route et que vous êtes amené-e à laisser passer un.e transporteur d’organes, ne ralentissez pas, écartez-vous juste le plus possible.
- NDLR 2 : si vous êtes en moto, ne suivez pas le transporteur d’organes même si cela peut être tentant car il devra, pour des raisons de sécurité, vous laisser passer par mesure de sécurité ce qui lui fera perdre du temps…
Vers 17h20 : Le trajet de l’aéroport du Bourget à l’hôpital en plein cœur de Paris aura pris en tout 20 min grâce à l’escorte policière. Il ne faut clairement pas avoir le mal des transports !
Une fois à l’hôpital, les infirmiers attendent les chirurgiens pour les conduire au bloc opératoire. Nous ne suivrons bien évidemment pas l’opération pour ne pas gêner le travail des professionnels de santé.
Pour autant, la mission d’Hakim n’est toujours pas terminée. Après avoir récupérer un échantillon de sang de la personne greffée, il doit le transporter à un autre hôpital qui sera chargé d’effectuer le crossmatch pour voir la compatibilité du donneur avec le receveur et anticiper d’éventuels rejets de l’organe greffé.
Ce dernier trajet n’est pas aussi urgent que le transport du cœur et est donc effectué sans escorte ni gyrophare. Pour autant, la course doit se faire dans l’heure.
Vers 18h : fin de la journée, sachant qu’Hakim avait commencé à 6h.
La journée d’un transporteur d’organes est ponctuée par différents rythmes pendant la journée qui varient en fonction de ce qui est transporté.
Le cœur étant le plus urgent, les trajets doivent se faire en un temps record (on ne le dira jamais assez mais toujours de manière prudente).
De l’intérieur, c’est particulièrement éprouvant car la circulation dans Paris peut être compliquée : certain-e.s conducteurs-rices ne laissent pas forcément passer, des piétons peuvent traverser la rue avec le casque sur la tête et les yeux rivés sur le téléphone etc.
Dans ces conditions, la vigilance est primordiale et elle est conditionnée par une attention accrue (d’où la nécessité de bien se coucher tôt la veille).
Encore une fois, nous remercions chaleureusement toute l’équipe de 360 Degrés Services qui nous a ouvert ses portes et fait découvrir ce métier atypique et surtout, porteur de sens : transporteur d’organes.
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